Parutions : « Stop ! Tirons les leçons de la crise »
dans l’hebdo N° 1168 Acheter ce numéro
Olivier Berruyer le dit d’emblée : il n’est pas économiste, mais il n’est pas non plus néophyte dans cette discipline. Ce spécialiste de la gestion du risque dans la finance et l’assurance est l’auteur d’un blog très apprécié dans la blogosphère (www.les-crises.fr), notamment parce qu’il explique les différents aspects des crises économiques de manière pédagogique et conviviale.
On retrouve le ton de ce praticien féru de statistiques, qui évite le jargon des experts, dans ce livre dense, bel outil sur « l’avènement du financiarisme ». Les pans d’un « capitalisme sans projet » y sont soigneusement étudiés, ainsi que les sources de la crise, au travers de graphiques commentés, de dessins de presse et de citations qui présentent le plus simplement possible les mécanismes complexes de la crise financière.
On peut dire que Berruyer réussit son pari d’aiguiser le sens critique du lecteur, replaçant la crise récente dans son contexte historique : « Le troisième âge du capitalisme est celui du capitalisme financier mondialisé que nous vivons depuis la fin des années 1970. Son esprit est passé du collectif à l’individuel, il érige la liberté, la dérégulation, la réussite individuelle en valeur absolue. Sa figure est le “PDG actionnaire”. Il s’est construit à coup de déréglementation et de financiarisation de l’économie. »
Au travers de ces mots, ce jeune diplômé s’interroge sur notre société et son « paroxysme de cupidité », comme tant d’autres aujourd’hui. Il y voit un futur sacrifié au présent : « Pourquoi dépenser de l’argent aujourd’hui, même si cela rapportera beaucoup dans cinq ans, puisque l’actionnaire nomade ne sera plus dans l’entreprise dans un mois ? […] C’est finalement cela le financiarisme : un système productif sous-investisseur et surdistributeur ! ».
Toujours pour l’actionnaire. Le praticien des marchés dénonce cette croyance en l’avènement d’une véritable science financière. Pour lui, la « rationalité » des marchés est impossible, quels que soient les efforts des cerveaux payés à prix d’or pour modéliser leurs comportements. À côté de ces croyances erronées, l’auteur dénonce aussi le problème démocratique posé par la nouvelle finance en raison de l’influence considérable qu’elle exerce sur les pouvoirs publics. Pour remettre notre système sur les rails de l’intérêt général et de la durabilité, Berruyer propose des dizaines de pistes, très rationnelles.