Primaires du PS : le débat s’aiguise
À dix jours du premier tour qui doit départager les six candidats à l’investiture du PS, les passes d’armes se multiplient et la tension monte.
dans l’hebdo N° 1170 Acheter ce numéro
Se différencier sans attaquer ses rivaux. Cette « règle d’or » des « primaires citoyennes » organisées par le PS est de moins en moins respectée. À mesure que l’on se rapproche du 9 octobre, date du premier tour du scrutin qui doit départager les candidats à la candidature, les attaques se font plus directes. Les téléspectateurs du premier débat entre les candidats, le 15 septembre, avaient eu un aperçu de ce tournant quand, après deux heures d’échanges à fleurets très mouchetés, Martine Aubry avait lancé à l’adresse de François Hollande : « Non, nous ne sommes pas d’accord. On ne peut pas dire aux Français “peut-être ben que oui, peut-être ben que non”. »
Les outsiders ont été les premiers à ouvrir le feu. Le 8 septembre, Ségolène Royal s’était ainsi attaquée directement à François Hollande, « le candidat de l’inaction » — « Est-ce que les Français peuvent citer une seule chose qu’il aurait réalisée en trente ans de vie politique ? Une seule ? » –, et à Martine Aubry, la « candidate de l’inexpérience » — « Sa seule expérience électorale, c’est une législative perdue en 2002. Passer de rien à une campagne présidentielle, ce n’est pas facile » –, qu’elle avait déjà croquée en girouette coupable de « retourner sa veste » en fonction des « opportunités politiques ou des clientèles électorales ».
Après l’intervention de DSK sur TF 1, la candidate du PS en 2007 a accusé Martine Aubry de n’avoir « pas dit la vérité » sur son pacte avec l’ancien directeur du FMI. Avant de glisser, cinglante : « Les Français ont déjà beaucoup été trompés depuis cinq ans et veulent des responsables politiques intègres, qui ne leur mentent pas. » Même François Hollande, qui se retranchait jusque-là derrière sa position de favori pour ne pas parler de ses concurrents, a du mal à tenir cette ligne de conduite.
Jeudi dernier, alors qu’Arnaud Montebourg expliquait dans nos colonnes que le député de Corrèze et la maire de Lille appartenaient « à la gauche complexée » et que leurs candidatures étaient « rigoureusement identiques », M. Hollande laissait percer sa condescendance hautaine : « Il fait partie de ceux qui animent cette campagne […], mais, enfin, il ne fait pas partie de ceux qui peuvent, demain, être désignés. » Dimanche soir, victoire oblige, François Hollande et Martine Aubry s’affichaient ensemble, dans la salle des conférences du Sénat. Image trompeuse d’une unité de façade après que le premier ait accusé la seconde d’être une « candidate par défaut », cette dernière insistant en retour sur le manque d’expérience de son rival.
La veille encore, Anne Hidalgo, Guillaume Bachelay, Jean-Christophe Cambadélis, Benoît Hamon et Henri Emmanuelli, tous proches de Mme Aubry, s’étaient élevés contre les déclarations élogieuses d’un ancien ministre de Nicolas Sarkozy (voir écho) pour François Hollande et demandaient à ce dernier de « clarifier ses intentions et sa stratégie électorale ». Après la trêve sénatoriale, la confrontation va reprendre. Michel Soudais