Asile : des enfants à la rue

Il y aurait six mille mineurs étrangers isolés en France, dont la moitié à Paris et en Seine-Saint-Denis. Ce département réclame de l’aide.

Ingrid Merckx  • 13 octobre 2011 abonné·es

Fin du bras de fer. Le 10 octobre, le conseil général de Seine-Saint-Denis a rouvert l’accueil des mineurs étrangers isolés. Il était fermé depuis le 1er septembre, dans le but d’obtenir de l’État qu’il s’en mêle davantage. Le 9 octobre, le ministère de la Justice a finalement accepté une répartition de l’accueil sur le grand bassin francilien. En théorie, la Seine-Saint-Denis ne devrait désormais plus accueillir qu’un mineur étranger sur dix.

« Sur quels critères ? », s’interroge Hors la rue. Appelée à la rescousse en septembre, cette association s’est jointe à un collectif (Gisti, Ligue des droits de l’homme, la Voix des enfants…) qui a déposé un recours contre la décision du conseil général de Seine-Saint-Denis. « Laisser des enfants à la rue pour faire pression sur le gouvernement relève de pratiques contraires à la dignité humaine. » « J’ai eu beau écrire aux ministres concernés, interpeller le président de la République lui-même, le sort de ces mineurs a semblé aussi peu les préoccuper que les difficultés croissantes de mon département à assurer un soutien pour ces enfants et ces familles en difficulté » , se défend Claude Bartolone, président du conseil général de ce département pauvre.

Il y aurait environ 6 000 mineurs étrangers isolés en France, dont près de la moitié à Paris et en Seine-Saint-Denis, du fait de la proximité avec l’aéroport de Roissy. La plupart sont laissés à la charge des services de l’aide sociale à l’enfance (ASE) et de quelques associations telles que France Terre d’asile, la Croix-Rouge et le Gisti.

Le 29 septembre, Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny (Seine-Saint-Denis), alertait sur le sort de dizaines de mineurs étrangers isolés renvoyés par l’ASE vers la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Sur les 80 arrivés depuis début septembre, seuls une vingtaine avaient pu être hébergés. Les autres squattaient les couloirs du tribunal. Les salariés de la PJJ s’étaient cotisés pour leur offrir petit-déjeuner et déjeuner. Les mineurs repartaient le soir avec un ticket-restaurant et passaient la nuit dans la rue.

En 2010, la Seine-Saint-Denis a accueilli près de 1 000 mineurs étrangers isolés contre 500 les années précédentes, et Paris 1 700, sans rallonge de budget. L’État n’en prend en charge qu’une centaine dans la capitale.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

La journaliste Ariane Lavrilleux échappe à une mise en examen
Presse 16 janvier 2025

La journaliste Ariane Lavrilleux échappe à une mise en examen

Ce 17 janvier, l’investigatrice, convoquée au tribunal de Paris, a finalement évité des poursuites pour avoir révélé des secrets de la défense nationale. 110 organisations appellent à un renforcement du secret des sources pour la presse.
Par Maxime Sirvins
RSA sous conditions : une généralisation et des craintes
Enquête 15 janvier 2025 abonné·es

RSA sous conditions : une généralisation et des craintes

Depuis le 1er janvier, l’obtention du Revenu de solidarité active est liée à la réalisation de 15 heures d’activité hebdomadaires. Une réforme jugée absurde, aux contours encore flous, sans moyens, qui inquiète largement syndicats et associations.
Par Pierre Jequier-Zalc
« Aucune piste crédible de changement de système de retraite n’existe à court terme »
Entretien 13 janvier 2025 abonné·es

« Aucune piste crédible de changement de système de retraite n’existe à court terme »

Alors que la question des retraites est de nouveau au cœur des débats politiques, l’économiste Henri Sterdyniak s’interroge sur le sens, pour le Parti socialiste, de soutenir le gouvernement s’il obtenait simplement un gel temporaire du recul de l’âge légal de départ à 64 ans.
Par Pierre Jequier-Zalc
Incendies en Californie : les stars d’abord
Sur le gril 13 janvier 2025

Incendies en Californie : les stars d’abord

Certains médias ont préféré s’émouvoir du sort des villas des vedettes plutôt que parler des personnes plus vulnérables ou d’écologie. Première chronique en partenariat avec le site Arrêt sur images.
Par Pauline Bock