Au courrier des lecteurs
dans l’hebdo N° 1173 Acheter ce numéro
Si j’en crois son courrier de lecteur de Politis de la semaine dernière, Bernard, de Marseille, n’est pas très content : ça le gonfle un peu, que j’aie suggéré ici, dans un récent billet, que le Front de gauche et son candidat commun Jean-Luc Mélenchon étaient quelque peu tartuffes de mettre dans leur programme qu’il fallait qu’aucune religion ne soit mise à l’index au prétexte de la laïcité, comme le fait régulièrement la Pen avec la religion musulmane – alors que, dans le même temps, le Front de gauche et son candidat commun ne dédaignent point de débattre avec, par exemple, Caroline Fourest, qui passe quand même du temps à stigmatiser la religion musulmane au prétexte, précisément, de la laïcité, ou si j’ai mal lu ? (1)
Bernard, lui aussi, a « sur la question laïque des divergences avec Jean-Luc Mélenchon » : mais son agacement vient de ce qu’il voudrait, quant à lui, qu’on passe outre ces menus désaccords pour « construire » quand même « un autre monde » i avec le candidat commun du Front de gauche – parce que bon, c’est un peu facile, hein, de rester juché sur l’Aventin à distribuer des bons et mauvais points pendant que d’autres font le sale boulot, zut alors, faudrait mettre un peu les mains dans le cambouis de la vraie politique avant de parler.
En résumé : Bernard serait assez partisan qu’on s’accommode tou(te)s, raisonnablement, de ce qui nous sépare d’avec le Front de gauche et son candidat commun,
et qu’on donne du vote à Mélenchon, nonobstant qu’il erre des fois très gravement.
Que fait Bernard, donc ? Bernard rédige l’une de ces traditionnelles ordonnances où se prescrit du Votutil™. (Variante à la mode : oui, les « socialistes » sont de droite, mais nous allons tout de même, et par-delà que nos points de vue diffèrent, leur donner de la voix, pour construire une autre présidence. Ha, ha, ha.)
Bernard ? En toute camaraderie ? C’est non.
En toute camaraderie : le côté on a quelques « divergences » sur la laïcité et la République, et deux ou trois autres trucs tout à fait mineurs (2), mais on va quand même faire un bout de chemin ensemble, hein ? (ou si tu préfères continuer à ne pas faire de-la-vraie-politique-dans-la-vraie-vie ?), définitivement, c’est non – quand je prends l’autocar, c’est plus fort que moi, j’aime bien être sûr que le chauffeur va pas l’envoyer dans le décor.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.