La Grèce est-elle l’avenir de l’Europe?
Entre plans d’austérité successifs et colère populaire grandissante, la Grèce va mal. Pendant ce temps, le reste de l’Europe se demande ce qui va lui arriver…
dans l’hebdo N° 1174 Acheter ce numéro
Les autres pays européens, notamment la France, seront-ils bientôt contraints d’adopter les mêmes mesures d’austérité drastique que la Grèce ? Verra-t-on les salaires, déjà très bas, diminuer ? La privatisation de services publics essentiels ? Les impôts augmenter ? De telles décisions, véritables régressions sociales, sont en fait déjà à l’œuvre dans nombre de pays européens, comme l’Italie, l’Espagne ou le Portugal, mais aussi en France, où les réformes, comme celles sur les retraites, sont adoptées sous la menace des agences de notation.
Malgré deux jours de grève générale et d’énormes manifestations à Athènes et dans la plupart des villes grecques, la majorité socialiste du Parlement a voté un nouveau train de mesures durcissant encore la cure d’austérité que le gouvernement Papandreou impose à la Grèce depuis près de deux ans.
Des dizaines de milliers de manifestants ont exprimé leur vive colère, ce qui a entraîné de nombreux affrontements avec la police mais aussi entre Black Blocks et militants communistes et syndicaux. Les violences ont causé la mort d’un syndicaliste communiste, victime d’un arrêt cardiaque au milieu des batailles rangées qui ont fait plusieurs dizaines de blessés.
Devant le mécontentement général de la population, nombre des députés du Pasok ont déclaré avoir désormais « atteint leur limite » et que « c’était la dernière fois » qu’ils votaient la rigueur. En effet, la loi adoptée à une courte majorité jeudi et vendredi dernier, alors que le pays était complètement paralysé par le mouvement de grève, prévoit encore une augmentation des impôts et de nombreuses taxes, la libéralisation de certaines professions à statut protégé, de nouvelles coupes salariales, en particulier pour les fonctionnaires, et la mise au chômage technique d’au moins 30 000 de ceux-ci.
Plusieurs parlementaires du Pasok ont d’ailleurs été radiés de leur groupe au cours des dernières semaines pour avoir refusé de voter les vagues successives de mesures d’austérité.
Vendredi, c’était au tour de l’ancienne ministre du Travail, Louka Katséli, dirigeante historique de son parti et jusqu’alors proche amie du Premier ministre, Georges Papandréou, pour s’être opposée à l’adoption de l’article le plus controversé de la nouvelle loi de rigueur, qui va permettre… le gel des conventions collectives sectorielles dans les entreprises. Une mesure, selon Louka Katséli, qui « entraînera à coup sûr une chute générale, soudaine et incontrôlée des salaires » .
Le gouvernement grec ne semble pourtant toujours pas disposé à changer de politique et continue de se soumettre aux diktats ultralibéraux de la Banque centrale européenne et du FMI – et aux pressions dans le même sens des autres États européens. Même si ceux-ci risquent fort de connaître le même sort que la Grèce.