L’écologie peut-elle être populaire ?
dans l’hebdo N° 1171 Acheter ce numéro
L’écologie, c’est un luxe de nantis : cette sentence péremptoire a connu un fond de vérité jusqu’à une époque récente. Peut-être les pollutions ou le dérèglement climatique étaient-ils encore minorés par la perception collective. Choisir des aliments bios, isoler sa maison, se rendre au bureau à vélo pouvait passer pour une mode « pas donnée à tous ». En tout cas pas aux classes populaires, où l’on est d’abord soucieux de pouvoir manger tous les jours, de ne pas perdre son toit et d’éloigner le chômage. L’écolo, c’est le bobo ; au prolo l’obsession du boulot. Comme si les horizons de ceux qui s’alarment pour leurs fins de mois et de ceux qui se préoccupent de la fin du monde appartenaient à des univers parallèles.
Mais c’est en train de changer.
D’abord parce que la crise écologique, en se généralisant, a enclenché une évolution culturelle qui sensibilise toute la société : on est de plus en plus conscient, dans les cités, d’être les premiers touchés par la dégradation de l’environnement, et guère moins nombreux à s’en déclarer soucieux que dans les beaux quartiers.
Reste que la qualité écologique, « ce n’est pas pour nous », répètent les plus modestes, comme si c’était la récompense d’un effort économique privé et non l’affaire d’une conversion profonde des politiques publiques. Les militants de l’écologie politique déplorent depuis toujours de ne pas percer au sein des classes populaires. Savent-ils s’adresser à elles et promouvoir le formidable potentiel de révolution sociale que contiennent des programmes probants mais trop souvent pensés à l’attention de leurs pairs ?
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