dans l’hebdo N° 1171 Acheter ce numéro
L’enquête commence le 1er février 2008. Trois organisations syndicales (FO, CFDT et CGT) appellent à une journée de mobilisation nationale dans la grande distribution, secteur exemplaire des mutations du salariat français.
La sociologue Marlène Benquet a suivi ce mouvement. La mobilisation, selon les organisations syndicales, touche 80 % des hypermarchés, 65 % des supermarchés et 20 % des magasins hard discount. Mais l’intersyndicale invite les salariés à reprendre le travail après un constat d’échec des négociations menées avec le patronat de la Fédération du commerce et de la distribution. Quelque 600 salariés, dont 190 caissières de l’hypermarché Carrefour Grand Littoral [^2], dans les quartiers nord de Marseille, poursuivent le mouvement pendant seize jours. En vain mais pas sans conséquence : ces caissières désormais n’acceptent plus l’insupportable.
Le travail de Marlène Benquet, qui a été elle-même caissière dans un hyper, explore la genèse d’un sentiment d’injustice collectivement partagé. La sociologue met en lumière une extension de la conflictualité à des secteurs d’emplois précaires et s’inspire d’une sociologie des mobilisations à laquelle Sophie Béroud et Paul Bouffartigue ont donné un souffle nouveau [^3]. En bonus, une passionnante description du quotidien d’un hypermarché…
[^2]: L’enseigne n’est jamais citée, l’auteur préférant la nommer « Hypermag Grand Large ».
[^3]: Dans leur ouvrage Quand le travail se précarise, quelles résistances collectives ?, La Dispute.