Les retraités plombés par les frais médicaux

L’augmentation des tarifs
des mutuelles inquiète les personnes âgées.

Pauline Graulle  • 13 octobre 2011 abonné·es

«Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère ! » Un slogan scandé dans le défilé des retraités organisé par l’intersyndicale la semaine dernière, dans les rues d’une centaine de villes françaises. Les retraités sont pris en tenaille entre, d’une part, la hausse du coût des dépenses contraintes (+ 13,8 % pour le gaz, + 26,5 % pour l’énergie fuel, + 3 % pour l’électricité, + 4,7 % pour les assurances) [^2] et, d’autre part, des pensions indexées sur l’indice des prix (+ 1,5 % en moyenne en 2010), qui ont progressé de seulement 11,6 % depuis 2003 – contre 17,1 % pour l’ensemble des salaires et de 23,2 % pour le Smic.

Résultat : 1,5 million de retraités vivent aujourd’hui avec moins de 1070 euros par mois. « Et encore, pour l’instant, la plupart des retraites sont prises à taux plein , souligne Dominique Fabre, de l’union des retraités de la CFDT. Les générations qui ont connu le chômage vont connaître des jours encore plus difficiles ! »

En reportant sine die la réforme de la dépendance, le gouvernement contraint en outre les personnes âgées à se débrouiller seules – c’est-à-dire en famille – avec la perte d’autonomie.

Mais les retraités se font surtout des cheveux blancs pour leur santé. Le doublement de la taxe sur les complémentaires santé, annoncé récemment par François Fillon, aura des répercussions directes sur des budgets déjà ultra-serrés. « Les cotisations augmenteront en moyenne de 20 euros par personne et par an » , a calculé l’UFC-Que choisir, selon qui 4 à 5 millions de Français renoncent déjà à une complémentaire (6,5 % chez les plus de 50 ans, selon l’Institut de recherche en économie de la santé).

« Si le désengagement de ­l’assurance-maladie continuait au même rythme que depuis 2004, estime l’association de consommateurs, la fièvre tarifaire des complémentaires santé monterait jusqu’à une moyenne de 200 euros par mois en 2020 : 10,7 % de leurs revenus. »

Des revenus déjà grevés par la multiplication des déremboursements de médicaments, des franchises hospitalières et des dépassements d’honoraires chez les médecins. « Le reste à charge “santé” est en augmentation constante et touche notamment les secteurs de l’optique, de l’audition et de la dentition, qui concernent plus particulièrement les personnes âgées , explique Dominique Fabre. Soit ces personnes renoncent à se soigner, soit elles s’endettent. »

[^2]: Chiffres de l’Insee.

Société Santé
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