Un scrutin serré

Michel Soudais  • 13 octobre 2011 abonné·es

Le succès n’est pas discutable. Il n’est d’ailleurs contesté que par quelques grincheux à l’UMP autour de Jean-François Copé. Avec plus de 2,5 millions de votants, la primaire organisée par le Parti socialiste a rempli les bureaux de vote au-delà des prévisions des caciques de la rue de Solferino.
Conséquence de cette affluence : le PS estimait lundi avoir collecté « entre 3,2 et 3,7 millions d’euros » auprès des votants, couvrant ainsi à peu près l’ensemble des frais engagés pour l’organisation matérielle du scrutin. « Entre 20 et 50 % » des gens qui se sont déplacés dans les bureaux de vote « ont laissé leurs coordonnées » , affirme aussi Régis Juanico, son trésorier, qui s’en réjouit : « La base de données de sympathisants va certainement être multipliée entre 6 à 10 fois. »

Rançon du succès, la « haute autorité des primaires » mise en place pour contrôler ce scrutin inédit était toujours incapable de fournir un résultat national définitif mardi matin. Sur 9 502 bureaux, 513 n’avaient pas encore transmis leurs décomptes de voix. Un retard qui, s’il se répétait, serait problématique dimanche prochain en cas de résultat serré.

Rien n’est joué entre François Hollande et Martine Aubry, les deux qualifiés pour le second tour. Avec 39,1 %, le député de Corrèze, qui faisait figure de favori dans les sondages, et bénéficiait de la bienveillance sinon du soutien des médias, ne passe pas la barre psychologique des 40 %. À 8,6 points derrière lui, la maire de Lille (30,5 %) peut espérer faire son retard. Tout dépendra du comportement des électeurs d’Arnaud Montebourg, dont le score imprévu (17,3 %) sanctionne la bonne ­campagne, et de ceux de Ségolène Royal (6,8 %), grande perdante de cette primaire qu’elle avait été la première à réclamer.

L’un et l’autre n’avaient pas encore fait connaître leur choix mardi midi, contrairement à Manuel Valls (5,6 %) et Jean-Michel Baylet (0,6 %), dont les désistements en faveur de François Hollande créditent Martine Aubry d’un ancrage à gauche plus affirmé.

Les premiers enseignements que l’on peut tirer de la carte électorale vont dans le même sens. François Hollande domine dans la France rurale (Creuse, Haute-Vienne, Lozère…) et devance même largement sa rivale dans la France de l’Ouest, qui a basculé à gauche ces dernières décennies (Côtes-d’Armor, Finistère, Loire-Atlantique…).

A contrario, Martine Aubry séduit les urbains. Elle cartonne à Paris, où le taux de participation (13,4 %) est supérieur de 8 points à la moyenne nationale, avec 37,5 % des voix contre 31,7 % ; François Hollande ne l’emportant que dans les arrondissements huppés de l’ouest de la capitale (VIe, VIIe, VIIIe, XVe, XVIe et XVIIe arrondissements). Elle est en tête dans nombre de communes de l’ex-ceinture rouge, ainsi que dans les départements populaires comme le Nord, le Pas-de-Calais ou la Somme.

Dans ces départements comme dans les villes populaires, la participation a toutefois été inférieure à la moyenne nationale, très loin derrière les chiffres relevés à Paris. Manifestement, la primaire a davantage séduit les CSP+ que les ouvriers et les employés.

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