Des maladies pour la peine
dans l’hebdo N° 1175 Acheter ce numéro
Chiffres pour le moins édifiants : la prévalence du VIH en prison est deux à quatre fois supérieure à celle de la population générale. Celle de l’hépatite C de cinq à huit fois supérieure, dans un milieu que l’on sait à très haut risque en matière de transmission des maladies infectieuses liées aux addictions. Tels sont les résultats d’une étude orchestrée par l’Association nationale de recherches sur le sida, sous la houlette de Laurent Michel, psychiatre addictologue.
Seuls 103 établissements sur 171 ont répondu à cette enquête. Celle-ci montre notamment combien la distribution d’eau de Javel, permettant la stérilisation du matériel d’injection (préconisée par l’OMS), est peu courante. Même chose pour la distribution de préservatifs chez les femmes (dans 21 % des établissements contre 95 % pour les hommes) et pour l’information sur les possibilités de bénéficier d’un traitement post-exposition au VIH. Peu d’informations toujours sur les traitements de substitution aux opiacés permettant de réduire l’usage des drogues, comme la méthadone, et aucun programme d’échanges de seringues.
Des mesures sont prévues, notamment avec la loi de 1994 imposant l’égalité de la prise en charge sanitaire entre le milieu libre et le milieu carcéral ; à l’évidence, elles ne sont pas appliquées.
À vrai dire, nulle surprise dans ce rapport qui pointe « l’insuffisance de mise en œuvre des dispositifs de prévention » , renvoyant ainsi aux années 1980, qui ignoraient toute politique de réductions des risques.