Le FN décide, Sarkozy exécute
dans l’hebdo N° 1177 Acheter ce numéro
Pour conquérir l’Élysée, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à séduire l’électorat d’extrême droite. Contrepartie de cette tactique, le ministre de l’Intérieur qu’il était ne s’est pas contenté de piquer des idées dans la besace du Front national pour en siphonner les voix. Devenu chef de l’État, il les a aussi appliquées, transformant en lois et décrets des propositions sécuritaires avancées initialement par le parti de Jean-Marie Le Pen. C’est cette collaboration méconnue qu’Évelyne Sire-Marin met au jour dans les pages qui suivent.
Cette lepénisation de nos lois est une des faces cachées du bilan de Nicolas Sarkozy, qui évite d’en faire état. Il n’est pas dans les habitudes d’un président de la République de reconnaître que, dans un domaine au moins, il n’a été qu’un exécutant. Plus surprenant est le déni de Marine Le Pen. La présidente du FN a toujours refusé d’admettre que l’UMP ait fait siens des points clés de son programme. Elle soutient au contraire, et le dira encore samedi en présentant son projet présidentiel, que le gouvernement ne fait rien de ce qu’il faudrait faire. Cela lui évite d’être confrontée à l’inefficacité des recettes frontistes, une fois mises en application. Et la condamne à une surenchère permanente.
Ce faisant, elle se prive du seul vrai succès dont son mouvement puisse se prévaloir. Celui d’une stratégie d’influence théorisée par son père, il y a vingt-sept ans : la politique, expliquait-il, consiste avant tout à « peser sur son temps, sur les décisions du pouvoir, sur la pensée politique ». « Je pèse en m’exprimant, j’oblige toute la politique française à se droitiser, à se déterminer par rapport à moi. » Le constat vaut beaucoup pour l’UMP mais aussi, hélas, pour le PS, toujours tenté de succomber aux sirènes sécuritaires.
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