Lester Brown, penseur global

L’agroéconomiste américain estime que la sécurité alimentaire planétaire est menacée par la dégradation des écosystèmes.

Patrick Piro  • 10 novembre 2011 abonné·es

Lester Brown, agroéconomiste états-unien, est considéré comme l’un des penseurs les plus influents de la planète sur les questions écologiques. Il est fondateur en 1974 du Worldwatch Institute (WWI), organe indépendant qui, le premier, a produit des analyses globales sur l’état du monde, dont les rapports annuels, The State of the World , font partout autorité.

C’est sous la plume des auteurs du WWI, par exemple, qu’émergent des problématiques aussi importantes que l’impact de l’alimentation sur le dérèglement climatique.

Aujourd’hui à la tête du Earth Policy Institute, Lester Brown s’attache à diffuser ses idées pour sortir de la crise globale. Elles sont réunies dans le Plan B (2007). Avec Basculement [^2], il met à jour l’état des lieux planétaire : alors que les crises s’approfondissent faute de mesures suffisantes, il s’agit désormais d’éviter un effondrement économique et environnemental global.

Des signes inquiétants en sont perceptibles dans la dégradation avancée des écosystèmes. Croissance démographique, pression des agrocarburants, dégradation des sols et des ressources en eau, impact du dérèglement climatique, etc. menacent très directement l’alimentation humaine, dont Lester Brown convient avoir « longtemps rejeté l’idée qu’elle pourrait être le maillon faible de notre civilisation » .

L’analyste «  surveille  » ainsi trois indicateurs : le cours mondial des céréales, le nombre de personnes en situation de faim dans le monde et le nombre d’États «  défaillants  » – en perte de contrôle de leur territoire, et donc de sécurité alimentaire pour leur population, « prémices d’un écroulement civilisationnel » .

Lester Brown a défini un scénario de sauvetage en quatre lignes : division par cinq des émissions de CO2 d’ici à 2020 (!), restauration des écosystèmes, éradication de la pauvreté et stabilisation de la population mondiale à 8 milliards d’habitants (tendance actuelle : 9 milliards en 2050).
Il appelle aussi les «  stratèges  » à une redéfinition de la notion de sécurité des sociétés, jusqu’alors accaparée par les militaires, afin de l’élargir à la protection des fondements de sociétés stables : « Des centaines de milliards de dollars captés par les armées pourraient être réaffectés pour garantir l’alimentation et la préservation de nos ressources. »

[^2]: Coédition Souffle court et Rue de l’échiquier, 253 p., 20 euros.

Écologie
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