L’hécatombe européenne
La plupart des pays de l’Union revoient à la baisse leur système de retraite,
à commencer par les pays les plus en difficulté de la zone euro.
dans l’hebdo N° 1175 Acheter ce numéro
La Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et maintenant l’Italie… La liste s’allonge des pays qui font subir des cures d’austérité à leurs régimes de retraite, suivant ainsi les recommandations du Fonds monétaire international (FMI), de l’OCDE et de la Commission européenne. Dans un livre vert daté de 2010, cette dernière prône l’augmentation de l’âge de départ effectif à la retraite, le développement de la retraite par capitalisation et l’accentuation de la mobilité des travailleurs dans le cadre d’une flexibilité accrue du marché du travail.
La Commission et les institutions internationales ont invariablement agité le spectre du vieillissement démographique, des conséquences de la crise économique et financière et de l’endettement public pour accélérer le rythme des réformes. De son côté, le Parlement européen a majoritairement adopté en février une résolution sur les systèmes de retraites en cohérence avec les politiques d’austérité portées par les institutions internationales et les gouvernements nationaux.
Suivant cette logique libérale, les pays de l’Union ont fait de la question des retraites une des plus importantes réformes de ces dernières années. La plupart ont réduit leur système public, et les pays de l’Union les plus en difficulté dans la zone euro doivent obligatoirement en passer par la réforme des retraites pour réduire leur dette.
En Grèce, le gouvernement
de Georges Papandreou a fait adopter une loi relevant l’âge légal de la retraite : les pénalités prévues sont alourdies en cas de départ avant 65 ans, et les pensions ont été diminuées. La liste des métiers pénibles a été révisée et l’accès à la pension minimum limité aux personnes ayant atteint l’âge légal de la retraite.
Prise dans la tourmente de la crise de la dette, l’Irlande a été le premier pays à connaître le même sort que la Grèce. Élu en mars, le nouveau Premier ministre irlandais, Enda Kenny (centre-droit), a décidé d’instaurer une nouvelle taxe de 0,6 % sur les fonds de pension (retraite par capitalisation), qui devrait rapporter 470 millions d’euros par an, soit un total de 1,9 milliard d’euros.
À la suite de la dégradation de la note souveraine du pays par les agences de notation Fitch, Standard & Poor’s et Moody’s, le gouvernement socialiste du Premier ministre espagnol José Luis Zapatero a approuvé une réforme portant de 65 à 67 ans l’âge légal de départ à la retraite. Au Portugal, un plan de restrictions de 11,7 milliards d’euros d’ici à 2013 prévoit notamment le gel de toutes les pensions et la hausse de l’âge de départ de 65 à 67 ans.
Désormais sous la surveillance des marchés financiers, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, s’est engagé à présenter un plan de croissance d’ici au 15 novembre, assorti d’une réforme des retraites. Au programme : l’allongement de l’âge de départ pour les femmes de 61 à 65 ans, un minimum de 41 années de cotisations pour obtenir une retraite complète, le passage de la retraite à 67 ans en 2018, et le gel des pensions dans le secteur public. À qui le tour ?