NPA : une division durable

Alors que la candidature de Philippe Poutou a dû mal à prendre, ses opposants à l’intérieur de son parti créent un courant « anticapitaliste unitaire » pour l’après-Sarkozy.

Michel Soudais  • 10 novembre 2011 abonné·es

Les temps sont durs pour le Nouveau Parti anticapitaliste. La notoriété de Philippe Poutou, son candidat à la présidentielle, est quasi nulle. Avec à peine 210 promesses de parrainage, sa candidature est loin d’être assurée. Ses rares apparitions médiatiques suscitent doutes et interrogations. Pour corser le tout, les opposants à sa candidature et à l’orientation qu’elle traduit (40 % des suffrages militants en juin) viennent de se structurer en courant. Une sorte de parti dans le parti, dont des membres feront « la campagne Poutou » sans enthousiasme, et d’autres non.

La création de ce courant, baptisé « Gauche anticapitaliste », a été scellée à Saint-Denis le week-end dernier lors d’une assemblée convoquée à l’initiative de cadres du mouvement longtemps proches d’Olivier Besancenot : Myriam Martin, une des deux porte-parole du NPA, Pierre-François Grond, Frédéric Borras, Anne Leclerc… Cette réunion a rassemblé plus de 300 personnes, « des délégués pour la plupart » , précisent les organisateurs, qui ne s’attendaient pas à un tel succès. Elle a permis de préciser les bases politiques de ce « courant unitaire pour l’écosocialisme » – avec l’adoption d’un texte de fond et d’une déclaration qui constitue sa « carte de visite »  –, de mettre en place une structure de coordination et de désigner trois « référents médias » . Signe d’une volonté d’agir aussi en dehors du NPA.

Ce nouveau courant « n’est pas un contre-parti, ni une nouvelle organisation » , assure Ingrid Hayes, du comité exécutif du NPA. Un autre référent, Guillaume Floris, réfute toute « idée de scission » , souhaitant « convaincre » la majorité du NPA de la nécessité de changer d’orientation. Néanmoins, les animateurs de Gauche anticapitaliste ont déjà commencé à discuter avec les autres formations de la gauche de gauche, qu’ils ont conviées à assister à leurs travaux, samedi. À l’exception du PCF, toutes ont répondu présente.

L’objectif est d’œuvrer à la constitution d’un « bloc anticrise » . « Nous posons des jalons dès maintenant pour préparer l’après-2012 dans la perspective d’une victoire de François Hollande » , indique Ingrid Hayes en expliquant que ce « bloc » devrait rassembler les forces sociales et politiques « qui feront le choix de s’opposer à un gouvernement social-libéral » . Un travail de rassemblement qui, selon elle, « commence maintenant » et distingue les membres de son courant de la majorité du NPA accusée de « se cantonner au travail de propagande » et d’avoir « choisi l’isolement » .

Ce choix de l’isolement, révélateur « d’une incapacité à se confronter au monde tel qu’il est » , est l’un des principaux reproches fait à la direction du NPA par les initiateurs de Gauche anticapitaliste dans un texte de huit pages. Ils y pointent « des erreurs de positionnement et d’orientation à répétition » , notamment le cavalier seul aux élections ou la présentation d’une candidate voilée, mais aussi « des ratés de fonctionnement » qui ont conduit la jeune formation à ne pas « rompre avec la conception des organisations d’extrême gauche issue de l’après-68 » . Et mis le NPA dans « une situation extrêmement grave » se traduisant par le « départ des deux tiers des adhérents » . Les effectifs, « montés jusqu’à 11 000 » , sont tombés « vraisemblablement en-dessous de 4 000 adhérents » , estime Ingrid Hayes.

C’est d’abord eux que le courant Gauche anticapitaliste espère faire revenir en renouant avec le « projet initial » du NPA, ou du moins la vision qu’en ont ses animateurs. « Unitaires » , ils veulent poursuivre le dialogue avec le Front de gauche, mais excluent de le rejoindre tant qu’il n’aura « pas réglé la question de l’indépendance par rapport au PS » . Comme la direction du NPA aux européennes en 2009 ou aux régionales en 2010, ils parient sur un éclatement du Front de gauche. Qu’ils pronostiquent, sans le dire explicitement, au lendemain de la présidentielle ou des législatives.

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