Wikileaks crie au blocus
Le site accuse les grands groupes financiers mondiaux de vouloir l’asphyxier.
dans l’hebdo N° 1175 Acheter ce numéro
Wikileaks, victime d’une conspiration internationale ? C’est ce que laisse entendre Julian Assange. Le fondateur du site financé à 100 % par des dons du public a annoncé la semaine dernière que ses publications devraient être arrêtées provisoirement : « Depuis décembre 2010, un blocage financier arbitraire et non respectueux des lois nous a été imposé par Bank of America, Visa, MasterCard, PayPal et Western Union [qui permettent de faire des dons en ligne, NLDR]. Cela a détruit 95 % de nos revenus. »
Celui qui se vante d’avoir des « milliers de révélations » en magasin n’y va pas par quatre chemins : « S’il n’y est pas mis un terme d’ici à la fin de l’année, l’organisation ne pourra plus continuer son travail. » Bref, adieu le contre-pouvoir planétaire !
Couper les vivres du site en s’attaquant à ses « tuyaux » de financement… Pas difficile d’imaginer les commanditaires du « blocus ». Pour Olivier Tesquet, journaliste à Télérama et auteur de l’ouvrage Comprendre Wikileaks [^2], « soit les organismes bancaires sont dans l’autocensure, soit on leur a gentiment intimé de le faire » . Le « on » étant, selon toute vraisemblance, l’administration américaine, qui, « si elle montre qu’elle laisse s’installer une voix dissidente, montre son impuissance » .
Comme toujours, Julian Assange, as du marketing, sait retourner les pires situations en sa faveur. Avec une stratégie efficace : la victimisation. Entre le sénateur américain Joe Lieberman menaçant Amazon qui hébergeait le site Wikileaks au moment du « cablegate », et même Éric Besson qui voulait, en décembre dernier, faire interdire son hébergement sur OVH, Wikileaks communique sur ses déboires à l’envi. « Je ne dis pas que la pression sur Wikileaks n’est pas réelle , souligne Olivier Tesquet. Reste que, depuis quelques mois, le site a perdu le rayonnement qu’il avait pu connaître » .
Voilà qui est ennuyeux alors que Wikileaks va lancer la plus grande campagne de levée de fonds de son histoire : 3 millions d’euros. « On peut penser que, dans cette affaire, il y a une petite part de bluff » , pointe Olivier Tesquet. Sûr que cela plaira aux millions de citoyens potentiellement donateurs touchés par la crise… Rien de tel qu’un petit « buzz » médiatique pour relancer la machine.
[^2]: Max Milo, 9,90 euros.