Cesaria Evora, immense mélancolie

Ingrid Merckx  • 22 décembre 2011 abonné·es

Elle avait mis fin à sa carrière en septembre. Cesaria Evora, la « diva aux pieds nus » , s’est éteinte au Cap-Vert le 17 décembre, à l’âge de 70 ans. Sa santé, fragile depuis plusieurs années, l’avait conduite à annuler ses concerts prévus jusque fin 2011. « La vie continue, je suis venue vers vous, j’ai fait de mon mieux, j’ai eu une carrière que beaucoup aimeraient avoir » , avait-elle confié au Monde.

Devenue une star de la world music, Cesaria Evora était avant tout l’ambassadrice de la morna, qui retranscrit la mélancolie cap-verdienne, une douleur sourde liée au sentiment de l’exil. Née en 1941, elle a débuté dans les bars mais n’a vraiment été découverte par le grand public que dans les années 1990 avec la sortie de Miss Perfumo, qui comprend le tube « Sodade », une morna datant des années 1950 qui évoque le départ contraint des Cap-Verdiens vers les îles Sao Tomé.

En 1995, la chanteuse a reçu un disque d’or pour Cesaria et vendu 300 000 exemplaires de Café Atlantico en 1999. Son dernier album, Nha Sentimento, est paru en 2009.

Orpheline à 7 ans d’un père musicien, elle a été élevée par ses sœurs et disait avoir découvert sa voix « grâce à un type qui [la] baisait[[Rapporté dans Cesaria Evora, la voix du Cap-Vert, de Véronique Mortaigne,
Actes Sud, 1977.]] »
. Jamais mariée, mère de quatre enfants tous de pères différents, elle a toujours vécu chez sa mère, connu la misère, et jamais caché ses penchants pour la cigarette et l’alcool. Une féministe à sa manière. Sa notoriété irradie sur le Cap-Vert, dont elle est devenue « la voix » .

Culture
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