Colère multiple des enseignants
Grève des profs le 15 décembre contre la réforme de l’évaluation, la baisse du pouvoir d’achat et les suppressions de postes.
dans l’hebdo N° 1181 Acheter ce numéro
Contre la réforme de leur évaluation et de leur avancement. C’est le motif de la grève annoncée par les enseignants le 15 décembre. Ce mouvement, qui devrait avoir lieu dans les collèges et lycées mais aussi dans le primaire, entend protester contre le projet de ne plus faire évaluer les enseignants par des inspecteurs, mais directement par les chefs d’établissement dans les collèges et lycées, et par « l’inspecteur compétent » dans les écoles. Ce qui pose des problèmes de compétences, d’équité, de transparence et d’indépendance.
L’objectif de ce projet est, d’une part, de réaliser des économies sur l’avancement des enseignants, qui se fera plus lentement, à raison d’un entretien tous les trois ans, et de donner les pleins pouvoirs aux supérieurs hiérarchiques sur leur personnel. Le Snuipp, principal syndicat du premier degré, estime que cette mesure toucherait « de manière spécifique le pouvoir d’achat des enseignants », et ajoute à cela la colère suscitée par l’annonce de nouvelles suppressions de postes à la rentrée 2012 dans les maternelles et les Rased. « Le ministre se lance dans une entreprise de torpillage de l’école , a déclaré Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, il dessine l’école du chacun pour soi et de l’entre-soi, qui va creuser les inégalités. »
« La grève ne va pas marcher ! » , redoute le blogueur de l’Instit’humeurs (hébergé par l’Express). Selon lui, « l’évaluation des enseignants est un dossier perdu d’avance face au grand public » , car Luc Chatel a désamorcé les plaintes liées au pouvoir d’achat en annonçant une revalorisation salariale. L’augmentation « ne concerne que 13 % des profs, dont la moitié à hauteur de 20 euros par mois (mazette !), pour une entrée dans le métier à peine au-dessus de 1 600 euros net » , mais le ministre aurait déjà gagné la bataille de l’opinion. Enfin, la grève de la Fonction publique le 13 décembre risque de démotiver une mobilisation le 15. Et le blogueur de conclure : « L’heure est à la guerre de la communication […] *, et ce gouvernement a pris une avance considérable. »*