Égypte : les islamistes divisés

Les Frères musulmans arrivent en tête de la première tranche des élections législatives, suivis par les salafistes.

Christophe Kantcheff  • 8 décembre 2011 abonné·es

C’est sans surprise qu’au terme de la première phase des élections législatives en Égypte (taux de participation de 62 %), le Parti liberté et justice (PLJ), dominé par les Frères musulmans, arrive en tête avec 36,6 % des voix. Beaucoup plus inattendu en revanche est le score des salafistes et de leur parti Al-Nour. Avec 24,3 %, ils se placent en seconde position, loin devant le Bloc égyptien, coalition de partis libéraux et laïcs, qui plafonne à 13,3 %.

Ce vote, historique après des décennies d’un régime autoritaire et corrompu, ne concernait qu’un tiers du pays (les deux autres parties votant les 14 décembre et le 3 janvier). La bataille est engagée pour la seconde phase, où l’opposition entre Frères musulmans et salafistes risque de prendre un tour plus vif encore, étant donné les profondes divergences qui les séparent.
Radicaux et rigoristes, les salafistes n’ont fondé leur parti, financé par l’Arabie Saoudite et les autres pays du Golfe, qu’au lendemain du départ de Moubarak. Exprimant une vision régressive de l’islam et de la société, ils associent la démocratie à un « péché »… Position nuancée par un responsable salafiste depuis l’annonce des résultats  !

« Nous espérons que les gens distinguent les différents mouvements et ne mettent pas tous les islamistes dans le même panier » , a déclaré pour sa part à l’AFP le porte-parole des Frères ­musulmans, Mahmoud Ghozlane. Très implantés dans le pays, rendus populaires par leur réseau d’entraide sociale, ceux-ci auraient beaucoup à perdre à se rapprocher des salafistes en vue d’une coalition de gouvernement, comme le soulignent nombre de spécialistes.
Sur des questions d’importance pour le pays – le tourisme, l’économie… – les Frères musulmans apparaissent plus proches des libéraux. Comme Ennahda en Tunisie, ils affirment leur volonté de rassembler. Ce qui laisse envisager une future alliance au « centre » ?

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Trump, un dinosaure au secours des fossiles
États-Unis 22 janvier 2025 abonné·es

Trump, un dinosaure au secours des fossiles

L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, et la promesse d’une politique du tout extraction – pétrole et gaz de schiste –, signe le retour d’une politique anti-écologique, à rebours des accords internationaux signés par l’administration Biden.
Par Camille Madera
Avec le retour de Trump, les minorités craignent le pire
Reportage 22 janvier 2025 abonné·es

Avec le retour de Trump, les minorités craignent le pire

L’arrivée de Donald Trump au pouvoir suscite des vives craintes chez certaines minorités. Le week-end qui a précédé son investiture a donné lieu à des manifestations et événements dans tout le pays pour marquer le terrain d’une opposition déterminée, et donner de l’espoir.
Par Edward Maille
« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »
Vidéo 17 janvier 2025

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »

Alors que Donald Trump deviendra le 47e président des Etats-Unis le 20 janvier, Bertrand Badie, politiste spécialiste des relations internationales, est l’invité de « La Midinale » pour nous parler des ruptures et des continuités inquiétantes que cela pourrait impliquer pour le monde.
Par Pablo Pillaud-Vivien
Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social
Récit 17 janvier 2025 abonné·es

Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social

Donald Trump a promis de couper dans les dépenses publiques, voire de supprimer certains ministères. Les conséquences se feront surtout ressentir chez les plus précaires.
Par Edward Maille