Le gouvernement remettra-t-il SeaFrance à flot ?
Le tribunal de commerce de Paris a débouté la demande de mise en cessation d’activité de la compagnie de ferries. Un projet de coopérative, déposé par la CFDT, sera arbitré le 3 janvier.
L’Etat a deux semaines pour sauver les 880 salariés de SeaFrance. Contre toute attente, lundi 20 décembre, le tribunal de commerce de Paris n’a pas donné suite à la demande des administrateurs judiciaires de la compagnie de ferries, qui préconisaient la cessation de l’activité de la compagnie. Le tribunal laisse jusqu’au 3 janvier aux porteurs d’un projet de société coopérative (Scop) – seul projet de reprise présenté aux juges – pour apporter les garanties de financement exigées et estimées à 50 millions d’euros. Pour le moment, la Scop ne bénéficierait que d’une avance de 15 millions d’euros promise par les collectivités locales et notamment la région Nord-Pas-de-Calais.
Coup de poker
SeaFrance assure des liaisons transmanche par ferries entre Calais et Douvres depuis 1996. Epuisée par la concurrence de l’Eurotunnel et la crise de 2008-2009, cette filière lourdement déficitaire de la SNCF a dû se séparer de 725 employés en 2010, pour finalement être placée en liquidation judiciaire le 16 novembre 2011. Voulant à tout prix sauver la totalité des emplois, la CFDT, syndicat majoritaire, porte à bout de bras son projet de coopérative. Contre l’avis du gouvernement ainsi que d’une minorité de salariés et de syndicats (CGT notamment), c’est au risque de courir à la cessation que la CFDT a refusé de discuter avec de potentiels repreneurs (Louis Dreyfus Armateurs, associé au groupe de ferries danois DFDS, avait fait une offre de rachat avec conservation de 460 emplois). Il lui reste peu de temps pour réussir son coup de poker.
« Il ne manque à la Scop qu’une avance de 50 millions d’euros pour permettre une reprise de l’exploitation et l’assurer le temps que la SEM (société d’économie mixte) qui rachètera un navire, se constitue et soit en mesure de rembourser cette avance » , expliquent les porteurs du projet de Scop, dans une lettre ouverte adressée aux parlementaires et au Secrétaire d’Etat chargé des Transports, Thierry Mariani. « Le FSI [Fonds stratégique d’investissement, ndlr)], la SNCF et l’Etat se réfugient derrière des prétextes pour condamner les 2.000 emplois directs et indirects que génère l’activité de SeaFrance » , regrettent-ils. Le FSI a notamment invoqué un veto de la Commission européenne, qui avait rejeté, début octobre, un plan de recapitalisation par la SNCF, et donc l’Etat, au motif qu’il violait les règles de la concurrence.
Au micro de Delta FM, leur avocat, Philippe Brun, en appelle à la « sagesse » des intéressés : « Il faut qu’au plus tard le 2 janvier 2012, on ait une réponse de l’Etat. Ce sera un choix politique, et il faudra l’assumer ».
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