Violences et prohibition : les prostitués manifestent
Des associations manifesteront, samedi 17 décembre, contre la pénalisation des clients de prostitués, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleurs du sexe.
Samedi 17 décembre aura lieu la journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleurs du sexe. Cette manifestation annuelle est née en 2003, en réaction à l’arrestation aux États-Unis, 20 ans après les faits, d’un criminel qui avait, dans l’indifférence, tué de nombreuses personnes prostituées entre 1982 et 1985. « Ce sont des proies faciles dont personne ne se soucie , avait-il alors froidement expliqué. Elles ne seront jamais portées disparues… ». C’est en mémoire des victimes de ce meurtrier que plusieurs associations de prostituées-és se réuniront donc à nouveau ce samedi à Paris, Lyon, Marseille et Toulouse. Mais c’est aussi et surtout pour dénoncer leur stigmatisation et les violences (physiques, morales, sociales, sexistes, racistes, homophobes ou transophobes) qui en découlent et qu’elles-ils subissent aujourd’hui.
-L’abandon du projet de pénalisation des clients et la fin de toute répression des prostituées-és.
-La participation des prostituées-és à l’élaboration de politiques publiques qui les concernent.
-L’abrogation des délits de racolage, de proxénétisme, d’aide et de soutien.
-La régularisation des travailleuses-eurs du sexe sans papier.
-L’accès aux droits fondamentaux : santé, retraite, logement, chômage, justice et sécurité.
Pénalisation des clients
En 2011, cette journée de lutte intervient dans un contexte tout particulier, puisque l’Assemblée nationale vient d’adopter une résolution affirmant officiellement « la position abolitionniste » de la France en matière de prostitution. Dans la foulée, mardi 6 décembre, une proposition de loi sur la pénalisation des clients (avec des peines allant jusqu’à 2 mois d’emprisonnement et 3750 euros d’amende) a été déposée. « Sous couvert d’aider des victimes, il s’agit encore d’une mesure répressive et dangereuse à notre encontre, s’indigne le STRASS (Syndicat du travail sexuel), en tête des cortèges demain, dans un communiqué. Cette disposition va accroître la présence et les potentielles violences policières sur les lieux de tapin, nous invisibiliser un peu plus, nous éloigner des structures de soins, de dépistage, de prévention, entraver notre capacité à imposer des rapports protégés. Cette situation va faire les choux gras des réseaux, et des patronnes de l’industrie du sexe, qui seront d’autant plus à même de nous fournir ce dont les parlementaires nous privent : des moyens et des lieux pour exercer, une protection, des clients » .
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