Manuel de survie pour temps de crise
Des chercheurs réunissent leurs propositions pour inventer une alternative au diktat néolibéral.
dans l’hebdo N° 1184 Acheter ce numéro
Les économistes « atterrés », qui comptent près de deux mille membres en France, s’invitent dans le débat politique en publiant un livre de propositions pour « changer d’économie » .
Il y a péril en la demeure, estiment ces universitaires et chercheurs qui s’en prennent à la tristement célèbre pensée unique, dont l’échec est manifeste et mène l’Europe à la récession. Les analyses sont unanimes pour considérer que l’on ne peut sortir des griffes des marchés par des politiques d’austérité en Europe, ce qui n’empêche pas des points de vue variés sur chacune des grandes questions traitées. L’objectif étant de mettre fin aux logiques économiques libérales qui s’imposent depuis trois décennies, pour s’engager dans des voies nouvelles.
Les « atterrés » veulent entamer un processus d’échanges qui s’étalera dans le temps. Dans cet esprit, « la conduite d’audits citoyens” des dettes publiques constitue une tâche urgente et essentielle [^2] » . Il est également important de faire vivre une « pensée libre, critique, indépendante des pouvoirs économiques et financiers. Une pensée qui montre pourquoi il faut résolument s’engager dans des voies nouvelles si l’on veut se donner une chance d’échapper à la catastrophe économique qui s’annonce » .
Face à la crise, la stratégie de la Commission européenne et des États membres de l’Union européenne est proprement « atterrante » . Ainsi, le nouveau traité européen qui devrait être imposé dès le mois de mars pour rassurer les marchés financiers, sans consultation des Parlements, « consiste à renforcer la logique des politiques mises en œuvre auparavant et à durcir l’esprit des traités » , notamment avec l’application de plans d’austérité budgétaire et une réforme de la gouvernance de la zone euro.
Comment en sortir ? La réduction des déficits publics passe par une « politique de développement où l’indispensable tournant écologique sera planifié et financé par l’épargne des Européens, collectée par des banques publiques de développement durable » . Une « planification fédératrice » qui comprendrait, entre autres, une forte régulation de la finance, une politique industrielle, de grands projets, une évolution vers une Europe sociale, tout cela allant de pair avec une nouvelle fiscalité. Une riche matière est ainsi mise en débat pour constituer de réelles politiques économiques alternatives, qui sont loin d’être utopiques.
[^2]: Pour plus d’informations sur les collectifs et réunions publiques, consulter www.audit-citoyen.org