Rions un peu avec Jean-Marc
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Rions un peu
avec Jean-Marc
En 1981, le bon peuple vote pour les « socialistes », qui lui ont fait la promesse jurée de lui changer la vie, et d’en finir, à cette fin, et une bonne fois pour toutes (et n’y reviens plus, ou on t’enduit de goudron et de plumes) avec le capitalisme. Deux ans plus tard : les « socialistes » font plutôt le choix de rompre d’avec le socialisme – pour la plus grande liesse de toute une éditocratie en devenir qui se fait un devoir de justifier cet hippopotamesque reniement par la psalmodiation que la crise économique est fantastique, et qui dès lors n’aura d’autre hâte que de précipiter « la victoire du capitalisme dans la gauche ».
En 1997, le bon peuple, dont les voies sont des fois mystérieuses, décide, nonobstant leur immense félonie de quatorze années auparavant, de revoter pour les « socialistes », dont le chef d’alors fait – derechef – de magnifiques promesses, comme celle, par exemple, qu’il ne laissera jamais tomber les salarié(e)s de Renault-Vilvoorde, juré, craché, ptoui, ptoui. Moyennant quoi, sitôt qu’élu : Lionel Jospin – c’est son nom – lance depuis Matignon l’annonce qu’il va finalement devoir laisser à leur (triste) sort les salarié(e)s de Renault-Vilvoorde. (Ainsi fut fait.)
En 2011, le bon peuple, tendant l’oreille, entend que François Hollande lui promet de lui rétablir la retraite pour tou(te)s à 60 ans et d’embaucher pour quelques triés ministères (dont celui, principalement, de l’Éducation nationale) plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires (comme s’il escomptait rebâtir des bouts de services publics), et de nouveau le bon peuple, décidément peu rancunier, fait signaler qu’il planifie de voter en 2012 pour les « socialistes ». Mais comme toujours : il appert assez vitement que c’est pour de rire que les « socialistes » ont pris ces engagements, et qu’ils n’ont aucune intention de réformer la réforme sarkozyque des retraites, et que pour ce qui serait d’augmenter le nombre des fonctionnaires, « compte tenu des contraintes budgétaires » du moment ? Ça va pas être possible non plus : ce qu’on va plutôt faire, c’est que « les postes créés » seront « compensés ailleurs » (sinon on va encore se faire taper sur les doigts par nos bon(ne)s ami(e)s de l’éditocratie qui vont rien faire qu’à dire qu’on réduit pas suffisamment la dépense publique).
À ce moment-là, le bon peuple commence à avoir encore une fois (c’est de coutume, quand il place ne serait-ce que d’infimes morceaux de sa confiance dans la « gauche » de droite) très mal au cul (si tu me passes l’expression) – et c’est précisément ce même moment-là que choisit Jean-Marc Ayrault, « conseiller spécial de François Hollande » et renommé « socialiste », pour déclarer, dans le Journal du dimanche , que son parti, pour ce qu’il en sait, n’a tout simplement « jamais » trahi « les couches populaires » : t’avais-je point prévenu(e), dès le titre de ce billet, qu’avec Jean-Marc, on allait se marrer comme des fol(le)s ?
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.