Bébé, levier d’égalité
Congé paternité, congé parental : deux droits qui deviennent les occasions majeures d’un meilleur partage des activités parentales.
dans l’hebdo N° 1189 Acheter ce numéro
À 326 euros par mois, le calcul est vite fait. Même si cette somme s’ajoute à l’allocation de base de 180 euros de la Caisse d’allocations familiales, seuls les petits et les bons salaires peuvent choisir sans cas de conscience de prendre un congé parental à la naissance d’un enfant. Soit ceux qui gagnent autant ou à peine plus que ce que coûterait une assistante maternelle ou la crèche, ou ceux qui ont de quoi tenir quelque temps sur le salaire du deuxième parent (s’il est présent).
D’une durée d’un mois à 3 ans, le congé parental est un droit dont bénéficient 555 000 familles en France. Il garantit au salarié un « complément de libre choix d’activité » (CLCA) ainsi que l’assurance que son poste lui sera conservé en l’état. Il est négociable, y compris à temps partiel. Pour les parents, c’est un bénéfice garanti dans un pays où le congé maternité reste fixé à 16 semaines. Et ce même si le Parlement de Strasbourg a voté son allongement à 18 et 20 semaines en octobre 2010 et que d’aucuns militent depuis des années pour son allongement à 5 ou 6 mois.
Alors que 77 % des hommes souhaiteraient voir renforcé le congé paternité créé en 2002 par le gouvernement Jospin, seuls deux tiers des pères prendraient les 11 jours auxquels ils ont droit à la naissance d’un enfant. Où est le blocage ? Contre toute attente, ou pour mieux défendre le retour des femmes sur le marché, c’est Laurence Parisot, présidente du Medef, qui a plaidé pour rendre le congé paternité obligatoire afin de « rétablir un regard plus égalitaire sur les jeunes parents » .
En réponse, l’Inspection générale des affaires sociales a émis l’idée d’un « congé d’accueil de l’enfant » de 8 semaines à partager entre les deux parents après la naissance. Avec l’idée sous-jacente qu’une réforme du congé paternité ne profiterait pas qu’aux hommes. L’idée serait de créer une « symétrie de risques » face au travail et de permettre aux pères « de mieux s’impliquer dans la relation avec leur enfant » , résume Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.
Il n’empêche : après les inégalités salariales, le plus grand facteur d’inégalités reste les services pour la petite enfance. Leur amélioration est la condition première pour que passer quelque temps auprès d’un bébé puisse être un choix, plutôt qu’une contrainte ou un sacrifice, pour les mères comme pour les pères.