Crise : la parité recule
Des associations défendant les droits des femmes interpellent les candidats à la présidentielle et proposent des mesures.
dans l’hebdo N° 1191 Acheter ce numéro
«Voici trente ans qu’on aligne des lois. On voit bien que ce n’est pas suffisant. Il faut une volonté politique, et il n’y en a pas ! » , s’insurge Caroline De Haas. Avec d’autres animatrices du réseau d’associations Féministes en mouvements, elle est venue présenter, le 15 février à la librairie Violette and Co, à Paris, une lettre ouverte aux candidats à la présidentielle. Pour « faire bouger les choses » en matière de parité.
Car celle-ci recule. Preuve en est l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2012, d’un décret sur l’égalité salariale. Issu de la réforme des retraites, il se substitue à la loi du 23 mars 2006 préconisant la suppression des écarts de rémunération entre les hommes et les femmes. Sauf qu’il se contente de réclamer aux entreprises un simple état des lieux de la situation salariale entre leurs employés hommes et femmes. Sous peine d’une sanction bien faible correspondant à moins de 1 % de la masse salariale.
Les Féministes en mouvements tentent de réveiller la volonté politique des candidats en trois étapes. « D’abord, avec notre lettre ouverte , explique Caroline De Haas, puis la sortie, début mars, d’un manifeste composé de trente propositions pour améliorer la parité. Enfin, nous organisons une soirée de débat avec les candidats, le 7 mars à La Cigale à Paris. »
Trois mesures phares dans ce manifeste : la création d’un ministère des Droits des femmes pour « se donner les moyens d’une réelle volonté politique » ; une surcotisation du temps partiel, pour que « les entreprises cessent cette pratique qui touche majoritairement les femmes » ; 500 000 places en crèche en plus pour que celles-ci ne soient plus contraintes d’arrêter de travailler.
En période de crise, les inégalités hommes-femmes s’exacerbent. « Les plus précaires sont les plus touchés, or ce sont majoritairement des femmes, rappelle Caroline De Haas. Réforme des retraites, gel des salaires… Le droit des femmes passe souvent à la trappe. »