Festival de banalités

Jean-Claude Renard  • 16 février 2012 abonné·es

La démarche est plutôt singulière. Si le genre montre sa vitalité, sur le petit écran et jusque dans les salles, France Télévisions s’est livré à la publication d’un « manifeste pour le documentaire » destiné aux producteurs.
Un texte de quatre pages soulignant l’intérêt que lui porte le groupe public. « Sa présence ne tient pas à une question de quotas ou de contraintes. Il est au cœur de la notion même de service public, au cœur de la création. » Et d’insister sur « la nécessité démocratique d’une rencontre exigeante entre le public et les chaînes du groupe » , le documentaire contribuant « à la vie citoyenne en créant les récits qui permettent d’appréhender les mouvements qui traversent notre monde » .

Ayant investi 88 millions d’euros dans le docu en 2011, France Télé poursuit encore sur son désir de promouvoir « la différence » , « la singularité et la diversité » , « la volonté de s’adresser à tous » .

Souligner, auprès des producteurs, singularité, différence et diversité, c’est la moindre des choses. Idem pour la volonté de toucher le plus grand nombre (David André, auteur de l’un des plus beaux documentaires diffusés en 2011, Une peine infinie, histoire d’un condamné à mort, programmé à 22 h 20, le 24 mars, a dû apprécier).
« Ce ne sont pas de belles phrases, de belles promesses » , prévient-on dans cette plaquette.

Cela y ressemble pourtant. Voilà un manifeste qui aligne les banalités, se donne bonne conscience, tandis qu’on privilégie le formatage. Certes, sans France Télévisions, le documentaire ne survivrait pas. Thierry Garrel, chez Arte, n’avait pas eu besoin de manifeste pour la défense du genre. Sa constance et sa rigueur suffisaient.

Médias
Temps de lecture : 1 minute