France nature environnement s’apprête à monter le ton

La vieille fédération semble avoir épuisé les charmes du consensus et s’orienter vers une radicalisation nouvelle.

Claude-Marie Vadrot  • 2 février 2012 abonné·es

Créée en 1969 pour rassembler les naturalistes et les protecteurs de la nature des associations régionales ou nationales, France nature environnement a longtemps navigué sur un fleuve tranquille qui ne troublait pas les pouvoirs de droite ni de gauche, cette dernière lui subtilisant régulièrement ses responsables les plus remuants ou les plus engagés. Partie prenante enthousiaste du Grenelle de l’environnement, la FNE en est ressortie déçue, et semble désormais tentée par une certaine radicalisation.

De nombreux militants venus assister samedi 28 janvier à son congrès ont semblé se rallier au changement de ton impulsé par le nouveau président. Bruno Genty avait fait placarder il y a un an, à la veille du Salon de l’agriculture, des affiches mettant en cause les méthodes agricoles intensives. Il avait ensuite subi beaucoup de pressions et vu son partenariat avec le Crédit agricole suspendu. Mais il insiste sur la nécessité d’une rupture « avec un certain ronronnement » .

Les jeunes militants de province approuvent cette nouvelle orientation qui les rapproche du PS, des écologistes et de syndicats comme FO ou la CFDT, se retrouvant plus souvent dans des « collectifs », comme lors de la bataille contre l’exploitation des gaz de schiste. Ils reprochent aux anciens leur collaboration avec les notables locaux. Bernard, 34 ans, militant de l’Ariège : « Nous aurions dû réagir plus violemment lors de la récente visite du président de la République, qui a flatté les chasseurs et les agriculteurs industriels. Notre génération doit bousculer les anciens, englués dans une cogestion molle. Nous avons avalé trop de couleuvres. »

La FNE (environ 850 000 adhérents) fonctionne avec 45 permanents et des milliers de bénévoles actifs. Bruno Genty reconnaît un épuisement des forces de ceux-ci et admet que « leur diversité est un vrai problème, tant du point de vue de la pyramide des âges que de la représentation des minorités. Il y a des gens d’origine africaine ou arabe qui se préoccupent de l’environnement, il faut les faire venir à nous. Je me bats pour que nous restions un mouvement citoyen avec des experts, certes, mais pas un mouvement d’experts » .

Solution proposée par la Fédération dans son Appel des 3 000 : la création de délégués environnementaux rémunérés, au niveau national, régional ou départemental, avec un mandat limité à six ans afin d’éviter de créer des apparatchiks. Soit une dépense annuelle de 50 millions d’euros financée par une contribution financière sur les activités polluantes ou préjudiciables à la nature, qui serait gérée de façon paritaire. La Fédération milite également en faveur d’un statut reconnu pour les bénévoles et pour la protection des lanceurs d’alerte.

Credo de Bruno Genty : que le monde politique admette enfin que la crise économique est aussi une crise écologique. Ce qui implique de sortir du nucléaire et de recourir aux énergies renouvelables, « magnifique chantier créateur d’emplois » .

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