Marine Le Pen à la peine

Toujours incertaine de pouvoir se présenter, la candidate en rajoute dans l’islamophobie pour contrer Nicolas Sarkozy.

Michel Soudais  • 23 février 2012 abonné·es

Marine Le Pen a tenu, à Lille, le week-end dernier, une convention présidentielle sans lustre dans un « Grand Palais » surdimensionné : à peine un millier de cadres et de militants du FN, et aucune proposition ni annonce nouvelles.Son comité de soutien, présenté à la presse au début du mois, est essentiellement constitué d’ « anonymes » . À Lille, aucun ralliement supplémentaire n’est venu accréditer l’idée d’un début de dynamique.

À un mois du début de la campagne officielle, la présidente du Front national voit la perspective de figurer au second tour s’éloigner à mesure que les sondages révisent à la baisse les intentions de vote en sa faveur. Elle n’est même pas assurée de disposer des 500 signatures de maire nécessaires à la présentation de sa candidature – son entourage fait état de 415 promesses. Inquiets, ses proches en étaient réduits ce week-end à espérer que le Conseil constitutionnel accède à leur demande et autorise les élus à rester anonymes.

Craignant d’être irrémédiablement distancée par Nicolas Sarkozy, la fille de Jean-Marie Le Pen a concentré ses attaques contre le candidat de l’UMP, lors d’un meeting de clôture prononcé devant quelque 2 000 personnes, à l’heure où ce dernier s’exprimait à Marseille : candidat « de la France morte » , des « gros » ou des « puissants » , président de la « petite minorité » qui s’enrichit de la crise, chef d’État « communautariste » .

Moquant ses premières propositions, et notamment sa prétention à se présenter comme le « candidat du peuple » , dans laquelle elle décèle l’ « ultime marque de mépris d’une élection ratée » , celle qui veut être « la candidate de la révolte populaire » a appelé les Français à donner un « carton rouge » au chef de l’État, en brandissant un papier de cette couleur. Un geste destiné à faire une image autant qu’à servir de signe de ralliement de ses sympathisants ; tous avaient leur petit carton sur leur siège pour le lever au signal donné. « Croit-il autant à son impunité […] que la France serait atteinte d’une sorte de syndrome de Stockholm et voterait encore pour son geôlier ? » , a-t-elle lancé.

Face à un candidat qui cherche délibérément à séduire ses électeurs, la présidente du parti d’extrême droite est contrainte à la surenchère. Samedi, elle a sciemment provoqué une polémique en affirmant que « tous les abattoirs d’Île-de-France vendent du halal, sans exception » et en annonçant qu’elle allait déposer plainte avec des amis auprès du doyen des juges d’instruction pour « tromperie sur la marchandise » . Une affirmation démentie par plusieurs ministères. Mais leurs protestations étaient attendues de Mme Le Pen, qui, en aparté, avait expliqué samedi à la presse écrite qu’elle s’en servirait pour se poser « une fois de plus en candidate de la vérité et de la transparence » . Ne cachant pas que ses pseudo-révélations sur un sujet propice à tous les fantasmes étaient « une manière de montrer aux Français qu’ils sont méprisés dans leur propre pays » .

À Lille, Mme Le Pen s’est contentée de tester les réactions à ce thème de campagne. Elle pourrait profiter de son passage dans l’émission « Des paroles et des actes » ce jeudi sur France 2 pour donner toute l’audience qu’elle souhaite à cette polémique. Et montrer qu’elle ira toujours plus loin que Nicolas Sarkozy.

Politique
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