Pas laïque, ma nounou ?

Les sénateurs ont voté une obligation de « neutralité » pour les nourrices.

Ingrid Merckx  • 2 février 2012 abonné·es

Après les élèves et les mères d’élèves pendant les sorties scolaires, voici le tour des nounous ? Le 17 janvier, les sénateurs ont adopté une proposition de loi visant « à étendre l’obligation de neutralité des professionnels de la petite enfance » aux structures privées et aux assistants maternels à domicile.

Les nourrices devront stipuler dans leur contrat de travail si elles ne respectent pas cette injonction de « neutralité ». « Outre le fait qu’on risque de voir resurgir des débats sans fin sur ce qui pourra être considéré comme une manifestation contraire à la neutralité, les termes et les conséquences de cette proposition de loi […] sont à bien des égards inadmissibles » , s’insurge la Ligue des droits de l’homme, selon qui ce texte contrevient à la liberté de conscience et d’opinion inscrite dans la loi de 1905, ainsi qu’à la liberté d’expression garantie par cette loi, la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Déclaration des droits de l’homme de 1798.

Ce texte, qui inaugure un nouveau type de contrat de travail où le salarié doit préciser ses convictions, semble cibler les femmes musulmanes. Seuls les groupes écologiste et communiste ont voté contre. « Les parents peuvent vouloir une nounou qui soit “neutre” sur le plan religieux » , a justifié Françoise Laborde, députée (PRG) de Haute-Garonne. Mais quid d’une reproduction de La Mecque ou d’une annonciation ? a interrogé la sénatrice EELV, Esther Benbassa. Où commence et s’arrête le « religieux » visé ? Comment faire appliquer une telle loi ?

Société Politique
Temps de lecture : 1 minute