Union enfin crédible
La gauche radicale a finit par se rassembler après beaucoup d’obstacles. Retour sur dix années de tentatives.
dans l’hebdo N° 1188 Acheter ce numéro
Qui aurait parié qu’un jour la gauche radicale parviendrait à s’unir derrière un candidat à l’élection présidentielle ? Après diverses tentatives, l’objectif semblait même hors de portée. C’est au lendemain du 21 avril 2002 qu’émergent fortement deux idées, depuis indissociables : il faut affirmer une autre perspective que le social-libéralisme, une force politique pour la porter est nécessaire.
Dans les deux années qui suivent l’élimination de Lionel Jospin, les appels en ce sens se multiplient, favorisant l’éclosion de collectifs locaux. Quelques timides rencontres « nationales » sont organisées, mais ne parviennent pas à organiser ce surgissement basiste désordonné.
Un appel initié par la Fondation Copernic est à l’origine d’une campagne commune sans précédent. Des collectifs unitaires pour le « non » se forment dans le pays, mêlant des militants de toute la gauche. Des mois durant, Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon – contre la position du PS –, Olivier Besancenot, José Bové et bien d’autres se côtoient sur les mêmes tribunes. Ils continueront à le faire après la victoire du « non » (54,7 %), cherchant lors de débats publics le moyen de prolonger leur union.
Tandis que Jean-Luc Mélenchon et ses amis ont repris place au sein du PS pour tenter (en vain) d’obtenir la désignation de Laurent Fabius, partisan du « non », à la présidentielle de 2007, la LCR refuse de s’engager sur la voie d’un rassemblement débouchant sur la présentation de candidatures communes à ce scrutin et aux législatives.
Les collectifs constitués dans ce but adoptent une stratégie, un projet et un programme de 125 propositions. Mais l’élan se brise, le 10 décembre 2006, sur la désignation du candidat à la présidentielle. Aucun des trois candidats qui prétendent incarner l’alternative au social-libéralisme ne s’impose vraiment, même si Olivier Besancenot (4,08 %) devance la communiste Marie-George Buffet (1,93 %) et José Bové (1,32 %).
C’est à cette dispersion que met fin le Front de gauche. Certes, ce n’est pas la force politique rêvée en 2002. Mais cette alliance électorale initiée entre trois formations aux européennes de 2009 s’est raffermie à force d’apparaître durable. Elle s’est élargie à de nouvelles composantes. Et peut « enfin » proposer une alternative au social-libéralisme, comme s’en félicitait Jean-Luc Mélenchon, heureux d’annoncer le 29 juin, place Stalingrad, la fin du « temps de l’éparpillement et de l’impuissance » .