Changer de République !
dans l’hebdo N° 1194 Acheter ce numéro
Moraliser la vie politique par référendum. Faire vivre une « une république nouvelle ». Passer à la VIe République… De François Bayrou à Jean-Luc Mélenchon en passant par François Hollande et Eva Joly, ces candidats ont en commun de proposer de changer nos institutions. Une convergence qui témoigne a minima d’un même souhait : tourner la page du sarkozysme et de son hyperprésidence. C’est-à-dire un mode d’exercice du pouvoir où le Président contrôle tout. Le gouvernement à qui il dicte ses volontés et dont il peut congédier les membres à tout instant.
Le Parlement sur lequel il a le droit de vie ou de mort.
La justice, piétinée dans son indépendance, impuissante face à l’impunité présidentielle. Et même les médias, dont les plus gros titres appartiennent à quelques-uns de ses meilleurs amis, quand les patrons de l’audiovisuel public lui doivent leur nomination.
Quand le Président règne, le peuple est tenu à distance du cercle du pouvoir. Comme les troupes de l’UMP dimanche à Villepinte, les citoyens sont cantonnés, derrière des barrières, à un rôle de spectateur. Tout juste conviés à visiter le palais des « gens modestes » une fois l’an pour la journée du patrimoine, et à désigner tous les cinq ans qui en sera le locataire.
Il serait naïf de croire que cette situation, où la démocratie se dessèche, disparaîtra avec la seule défaite de Nicolas Sarkozy. Loin d’être un accident de l’histoire ou un dérèglement de la Ve République, elle découle de la constitution de 1958 et du présidentialisme que cette dernière a consacré. C’est donc bien de République qu’il faut changer pour rendre au peuple sa souveraineté. Lui permettre d’intervenir dans tous les domaines de la vie politique, sociale et économique.
La tâche est ambitieuse, sans doute. Mais elle aussi nécessaire qu’urgente. Faillir à ce nouveau rendez-vous, après celui manqué de 1981, serait pour la gauche une faute.
Michel Soudais
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