La Sernam en pleine casse sociale

Le transporteur veut supprimer 774 postes pour éviter la faillite.

Sarah Sudre  • 29 mars 2012 abonné·es

Abandonnée par la direction de la SNCF, trahie par les investisseurs, mise en redressement judiciaire et punie par la Commission européenne de la concurrence, la société Sernam broie du noir. « En 2005, quand on nous a dit que l’on quittait la SNCF pour être privatisés, ça sentait déjà le roussi, mais je n’aurais jamais pensé que Sernam tomberait si bas », explique Mohammad Mozaffari, coordinateur du syndicat CFDT chez Sernam.

L’entreprise est sous le coup d’une amende de 642 millions d’euros, due à des transferts illégaux d’argent lors de sa privatisation. « Les investisseurs ont fait ça dans notre dos. Cette sanction nous met sur la sellette » , explique un responsable CGT. De son côté, le groupe Geodis, seule entité à avoir déposé une offre de reprise partielle, souhaite remettre sur pied l’une des plus vieilles entreprises françaises, spécialiste du transport express de colis, mais à deux conditions : une main-d’œuvre réduite de moitié – suppression de 774 postes sur 1 600 – et le non-paiement de l’amende demandée par la Commission européenne. Le président de Geodis, Pierre Blayau, a expliqué qu’il ne souhaitait pas être « un débiteur de substitution ».

Face à cet avenir propice à la précarité, à la délocalisation, voire au licenciement, les salariés appellent au rassemblement. Le 15 mars dernier, plus de 300 employés, représentant les 52 agences de Sernam, ont manifesté leur colère devant le ministère des Transports à Paris. « Si je perds mon emploi, c’est le chômage assuré à vie. Nous sommes nombreux en fin de carrière, il nous sera très difficile de retrouver un travail » , explique Jean, âgé de 50 ans. Pour Isabelle, une chauffeur routier nordiste venue spécialement pour la manifestation, « Sernam est une grande famille. Licencier 50 % de ­l’effectif est intolérable. Les valeurs humaines disparaissent et laissent place à une politique de marché qui est à vomir » . Dans les Bouches-du-Rhône, des salariés du site de Miramas ont séquestré, mercredi 21 mars, leur direction. En Moselle, les employés multiplient les grèves.

Le ministre des Transports, Thierry Mariani, a accepté de rencontrer les groupes syndicalistes de Sernam. À la sortie des négociations, il a annoncé un recours auprès des autorités européennes de la concurrence. Une table ronde avec s’est tenue lundi 26 mars, avec geodis, qui reste dans la course. « Nous restons sur nos positions et demandons un emploi pour tous » , argue Mohammad Mozaffari. « Par solidarité » , différentes filiales de la SNCF et de La Poste se seraient proposées pour un reclassement social de certains salariés.

« L’histoire de Sernam reste loin des belles promesses du plein-emploi du président-candidat Nicolas Sarkozy » , concluent les syndicats, en espérant ne pas finir comme la société SeaFrance.

Travail
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