NKM : les ArcelorMittal « ont cherché à attirer les regards avec une certaine violence »
Interrogée au cours d’un déplacement dans l’Essonne et le Loiret jeudi 16 mars, Nathalie Kosciusko-Morizet revient pour Politis.fr sur les incidents avec les ArcelorMittal, l’écologie et l’immigration. La porte-parole de Nicolas Sarkozy réfute également le terme de « droitisation » pour qualifier la campagne du président-candidat.
Politis.fr : Quelle est votre réaction aux incidents qui ont eu lieu devant le QG de campagne de Nicolas Sarkozy avec les ArcelorMittal jeudi ?
Nathalie Kosciusko-Morizet : les syndicalistes n’étaient pas venus pour parler mais pour faire parler d’eux. Ils n’avaient pas demandé de rendez-vous. Nicolas Sarkozy leur a d’ailleurs confirmé hier sa proposition d’une réunion lundi à l’Elysée. C’était une opération médiatique à grand renfort de caméras, une opération dans laquelle ils ont cherché à attirer les regards avec une certaine violence.
Damien Meslot, le porte-parole adjoint du candidat UMP, a demandé à François Hollande de « condamner les actions violentes » des syndicats d’ArcelorMittal. Quel est le lien entre le candidat du PS et cette manifestation ?
Même si cette manifestation était organisée par la CFDT, la CGT nous dit qu’elle envisage de prendre position dans la campagne. Ces syndicats doivent clarifier leur position : ont-ils une position politique ou est-ce qu’ils sont dans la défense des salariés ? On peut ensemble se réjouir du sauvetage d’une entreprise comme Lejaby, comme Petroplus ou des investissements qui ont été annoncés à Florange. Ça, c’est une démarche syndicale. On peut être à la fois critique, exigeant et en même temps se réjouir quand il se passe des choses positives pour les salariés. Si les syndicats sont dans une démarche politique, c’est autre chose.
On n’entend pas beaucoup Nicolas Sarkozy s’exprimer sur l’écologie dans cette campagne, pourquoi ?
Pour le moment il y a peu d’écologie dans la campagne, c’est vrai, mais jusque là il a été le seul à en parler, dans le discours de Villepinte, par exemple. Il y a tout un passage sur la révolution écologique et numérique. Je ne vous dis pas que je ne préfèrerais pas qu’il y ait plus d’écologie dans la campagne mais pour le moment notre candidat est le seul à en parler. J’aimerais bien que les autres le rejoignent.
Que faites-vous d’Eva Joly ?
Eva Joly parle très peu d’écologie, d’ailleurs c’est un des problèmes de sa campagne. Cette démarche du PS qui a consisté à sous-traiter l’écologie aux Verts est doublement perdante pour l’écologie. D’abord parce que le PS ne s’en occupe plus directement, et les Verts eux-mêmes en parlent peu, parce qu’ils essayent d’être présents sur tous les sujets. Donc l’écologie perd deux fois. Moi je souhaite que l’on parle d’écologie dans cette campagne.
En quoi êtes-vous plus écologiste que EELV ?
Ce qui me différencie des Verts, c’est que moi je m’intéresse vraiment à l’écologie. Cela fait 15 ans que je travaille sur le sujet, j’ai été le rapporteur de la charte de l’environnement, je me suis beaucoup occupée du Grenelle de l’environnement. Ça c’est l’écologie active, c’est l’écologie qui transforme la société. Les Verts, qu’ont-ils fait ? Au gouvernement Jospin entre 1997-2002, il n’y a pas eu une seule mesure marquante en faveur de l’écologie. En matière d’écologie, il y a ceux qui disent, et il y a ceux qui font. Toutes les grandes transformations des dernières années en matière d’écologie, la charte de l’environnement, le Grenelle, c’est la droite qui les a faites.
On ne parle pas beaucoup d’écologie, mais Nicolas Sarkozy s’empare de nombreux thèmes défendus par l’extrême-droite… Comment vivez-vous cette campagne très droitière en tant que porte-parole ?
Je ne suis pas du tout d’accord pour dire que la campagne est à droite. Je n’accroche pas du tout sur ces commentaires sur la soi-disant droitisation de la campagne. Juste un exemple : en période de crise, il y a moins de travail, il est donc logique de réduire l’immigration légale. Ce sujet appartient à tout le monde.
Une réduction de quasiment la moitié…
Oui, cette mesure a été proposée aux Français, et 64 % d’entre eux sont d’accord. Y a-t-il 64 % des Français qui se sont droitisés ? Non, c’est juste une question de bon sens : avec la crise on a moins de possibilités d’accueillir. Aujourd’hui, 24 % de la population immigrée en situation légale est en situation de chômage. La priorité en matière de politique vis-à-vis des étrangers c’est d’abord d’intégrer ceux-là, avant d’en accueillir des nouveaux.
Mais dans des secteurs comme le bâtiment par exemple, on est en déficit de main d’oeuvre, on a besoin d’immigrés…
Notre priorité, cela doit être de donner un emploi aux 24 % de la population immigrée au chômage.
Faire siffler les syndicats, comme cela a été le cas à Villepinte, cela vous semble correct ?
Il y a un passage où Nicolas Sarkozy dit que personne ne doit bloquer le pays. C’est un message adressé à ceux qui voudraient empêcher les réformes nécessaires pour le pays.
Pourquoi Nicolas Sarkozy n’a-t-il toujours pas présenté de programme ?
Je sais qu’il y a une certaine attente des militants, ils me disent « on aimerait avoir un document transversal », mais le choix de cette campagne c’est de présenter les propositions les unes après les autres. D’ici une ou deux semaines, nous publierons un premier document transversal.
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