Offensive citoyenne sur la planète eau

À l’occasion du Forum mondial de l’eau, la société civile veut imposer son agenda au monde industriel et politique.

Patrick Piro  • 8 mars 2012 abonné·es

Pénuries, conflits, pollutions, absence de gouvernance… Les problématiques de l’eau sont plus vives que jamais alors que s’ouvre le 6e Forum mondial de l’eau (FME) le 12 mars à Marseille, inauguré par Nicolas Sarkozy. Le thème : « Le temps des solutions » . Un aveu d’échec pour cette agora réunie tous les trois ans, et qui traîne une crise de légitimité. Supposée œcuménique, elle est sous la coupe des grands industriels et des gouvernements. Un symbole : le Conseil mondial de l’eau, organisateur du FME, est présidé par Loïc Fauchon, qui dirige la Société des eaux de Marseille, filiale de Veolia.

Aussi, depuis 2003, la société civile organise une rencontre alternative et renforce ses liens, notamment lors des forums sociaux mondiaux. À Marseille, elle fustigera la grande panne du FME et voudra peser sur le calendrier international : le sommet ­onusien du développement durable « Rio + 20 » en juin prochain (où la question de l’eau est absente !) et la renégociation des « objectifs du millenium pour le développement » de l’ONU, qui doit aboutir en 2015.

Deux temps forts, pour les associations, à Marseille : un séminaire international les 9 et 10 mars, à l’instigation de la Fondation France libertés, du collectif de solidarité internationale Crid et de la Coalition eau. Il délivrera une déclaration avant l’ouverture du FME, réaffirmant que l’eau est un bien commun mondial, dont ­l’accès est un droit fondamental, que sa gouvernance doit être démocratique et ouverte aux citoyens, exigeant la création d’un tribunal international de l’eau et un grand débat sur ses usages ­énergétiques (gaz de schiste, nucléaire, grands barrages).

Ensuite, du 14 au 17 mars, se tiendra le Forum alternatif mondial de l’eau (Fame), piloté par un collectif d’une vingtaine d’organisations internationales. Quatre jours de débats, d’ateliers et de propositions qui viseront ­également à imposer un autre ­discours que la grand-messe ­habituelle du FME.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Marine Calmet : « Le mouvement des droits de la nature offre une alternative au capitalisme »
Entretien 11 décembre 2024 abonné·es

Marine Calmet : « Le mouvement des droits de la nature offre une alternative au capitalisme »

La juriste a une obsession : transformer notre rapport au vivant, et transformer le droit. Dans le livre Décoloniser le droit, elle explique comment le droit français est encore le fruit d’un projet néolibéral et colonial, et dit l’urgence qu’il y a à le bouleverser.
Par Vanina Delmas
Écologie : « En France, nous voyons un réseau d’entraide entre les luttes se former »
Luttes 4 décembre 2024 abonné·es

Écologie : « En France, nous voyons un réseau d’entraide entre les luttes se former »

Le chercheur Gaëtan Renaud a mené pendant huit mois une enquête auprès des collectifs citoyens qui ont bataillé et gagné face à des grands projets imposés et polluants entre 2014 et 2024. Il nous livre un panorama de ces dix années de luttes locales qui ont fait bouger quelques lignes. Entretien.
Par Vanina Delmas
Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement
Environnement 19 novembre 2024 abonné·es

Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement

Deux sénateurs de droite ont déposé une proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Mégabassines, pesticides, etc. : elle s’attaque frontalement aux normes environnementales, pour le plus grand bonheur de la FNSEA.
Par Pierre Jequier-Zalc
« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »
Entretien 13 novembre 2024 abonné·es

« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »

Climatosceptique de longue date, Donald Trump ne fera pas de l’écologie sa priorité. Son obsession est claire : la productivité énergétique américaine basée sur les énergies fossiles.
Par Vanina Delmas