Restons dignes, monsieur Pujadas
dans l’hebdo N° 1194 Acheter ce numéro
Répondant le 10 mars 2012 au soir, sur France 2, à une acide question de David Pujadas, qui lui demande si sa « promesse » , dévoilée la veille (sur TF1), de « collectiviser » l’ensemble des exploitations agricoles de plus de 28 centimètres carrés ne risque pas de lui aliéner une partie des possédant(e)s (et « est-ce que ça ne serait pas finalement contre-productif, François Hollande, que des gens comme Florent Houellebecq ou Michel Pagny, sans qui le génie français brillerait de moins de vifs feux, se voient contraints de s’exiler sous des cieux moins taxeux » ), François Hollande, candidat socialiste à l’élection présidentielle, lui répond : « Enûaîuâeouaonéoéé-houoa. »
Comme David Pujadas lui fait remarquer qu’on le comprendrait mieux s’il ôtait ce gros couteau qu’il a depuis quelques jours pris le pli de serrer dans ses dents à chaque fois qu’il fait une apparition publique, François Hollande, convenant que c’est pas complètement sot, l’ôte, en effet – puis répète : « Bien sûr, David Pujadas, que nous allons étriper quelques ploutocrates. »
Mais qui devons-nous croire (lui lance alors David Pujadas), du bon docteur François, qui chaque jour pair nous promet qu’il mettra au cul des riches de vigoureux coups de pompes, ou de Monsieur Hollande, qui tous les jours impairs garantit depuis Londres qu’en vrai il fera comme font toujours les « socialistes » avec la possédance : des privatisations ?
Tu verras bien, mon gars, lui répond François Hollande, qui « veut plutôt rappeler » , quant à lui (et avec la « nécessaire gravité » où le contraint « la crise » ), qu’il a « aussi et surtout promis d’enlever le mot “race” de la Constitution » , car, explique-t-il, « la race, c’est comme ces pauvres (CENSURÉ) de leur race de musulmans : ça n’a rien à faire dans la République » .
Et d’ajouter : « Je puis d’ailleurs vous annoncer, monsieur Pujadas, que dès le mois de juillet nous ferons voter une loi Laborde interdisant le port de la barbe et de la burqa dans l’espace privé. »
David Pujadas, profitant (en irréprochable professionnel) du tour que son invité donne à l’entretien, lui demande alors ce qu’il pense de l’engagement pris le matin même par Nicolas Sarkozy ( « dont les derniers sondages confirment qu’il est grave à la Pen » ) de « construire, s’il est réélu, et pour mieux maîtriser le tsunamigratoire, un grand mur en béton armé de 200 mètres de haut tout autour de la France profonde » .
Je vous en prie, David Pujadas, gardons un peu de dignité à notre échange, répond François Hollande – nos compatriotes ne veulent plus de cette permanente stigmatisation des étrangers, et 200 mètres, c’est beaucoup trop (j’observe d’ailleurs que Nicolas Sarkozy ne dit rien du financement de cette construction).
Nous considérons quant à nous que soixante mètres suffiraient amplement, car nous sommes partisans, nous, non du recroquevillement consanguin et du repli endogame, David Pujadas, mais d’une immigration triée, où nous serons fermes, certes, mais humains : vraiment de gauche, quoi.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.