La France étouffe
La mauvaise qualité de l’air depuis janvier fragilise la santé de la population.
dans l’hebdo N° 1197 Acheter ce numéro
Un peu partout en France, des panneaux lumineux clignotent imperturbablement au-dessus des voies urbaines et des autoroutes périphériques pour signaler une pollution sévère et conseiller de ralentir.
À Paris, en Île-de-France, dans les Bouches-du-Rhône, à Nice, à Avignon, à Toulon, à Lyon, à Rennes, dans les Pays-de-la-Loire… les automobilistes ne ralentissent pas. Au volant de véhicules dont un peu plus de la moitié [^2] roulent avec ce diesel qui charge l’atmosphère en particules toxiques, les automobilistes poursuivent leur chemin, indifférents. La faute au soleil, à la chaleur, au vent qui manque, à pas de chance…
En cette période électorale, les pouvoirs publics laissent en paix les conducteurs, déjà traumatisés par l’augmentation des tarifs des carburants. Les autorités avertissent, informent, alertent, mais aucun radar n’est réglé sur la vitesse inférieure qui permettrait de diminuer vraiment la pollution émise.
Les enfants enchaînent les rhinites, yeux qui pleurent, nez qui coulent, les cyclistes s’asphyxient, les personnes âgées ont le souffle de plus en plus court. Dans de nombreuses crèches et écoles maternelles d’Île-de-France et de Marseille, un tiers des enfants manquent à l’appel. Il est gentiment conseillé à « toutes les personnes fragiles » de ne pas trop sortir.
Pas question pour autant de rappeler aux Franciliens, après ces vingt-neuf jours de pollution depuis janvier, que la pollution de l’air entraîne une diminution de leur espérance de vie de 9,3 mois, comme l’affirment les études épidémiologiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les mêmes rapports affirment que la mauvaise qualité de l’air entraîne des milliers de morts prématurées par an, 42 000 en France selon le ministère de l’Écologie, les polluants fragilisant l’appareil respiratoire et favorisant les maladies cardiovasculaires.
Sur le site d’Airpaca, il est précisé que 800 000 habitants de Provence-Alpes-Côte-d’Azur vivent dans une zone dépassant régulièrement les valeurs limites pour les particules et l’oxyde d’azote. Depuis le mois de janvier, le phénomène se produisant également par temps froid (et ensoleillé), des millions de Français sont exposés.
[^2]: 75 % des modèles neufs vendus au cours des trois dernières années utilisent du diesel.