L’ESS au cœur du projet présidentiel écolo
Le projet porté par Eva Joly est le seul à oser le « social et solidaire », à même de refonder notre modèle de développement économique.
dans l’hebdo N° 1198 Acheter ce numéro
L’écologie politique n’est pas radicale seulement du point de vue environnemental. En matière économique, le programme porté par Eva Joly est le seul à oser le « social et solidaire ». Pour un autre développement, au nom d’autres valeurs, vers une autre société.
En cette période de crise – financière, économique, sociale et écologique –, en cette heure où il devient urgent de répondre à l’aspiration démocratique exprimée par nos concitoyens autrement que par le rejet de la différence et de la diversité, l’économie sociale et solidaire (ESS) est au cœur du changement de société que nous appelons de nos vœux.
L’ESS permet – concrètement, immédiatement et pour longtemps – de refonder une juste mesure de l’efficacité et de la richesse, contre le PIB et les ratios d’analyse financière qui ne prennent jamais en compte les indicateurs sociaux et environnementaux.
Face à la concurrence entre individus, entre entreprises, entre territoires et entre États, l’ESS choisit le développement et la solidarité. La solidarité entre générations, dans la perspective d’un développement durable. La solidarité entre territoires, et au sein des territoires, qu’il s’agisse des rapports entre Nord et Sud, ou entre espaces urbains et ruraux.
L’ESS réinterroge notre modèle de développement et pose avec pertinence la question de la « profitabilité » en conjuguant trois vocations : l’intérêt général, avec des activités à utilité sociale et collective ; l’insertion des personnes, dans une logique de solidarité ; et, enfin, l’objet marchand, mais en remettant à plat les notions de productivité et de rentabilité pour en discuter la finalité.
Et si Eva Joly n’est pas la seule à parler d’ESS, nous sommes en colère devant la pauvre imagination des programmes présidentiels qui l’instrumentalisent en mesurettes cantonnées au pansement social. Ces programmes rabotent de fait le potentiel recélé par cette autre approche de l’économie, humainement créative, socialement et même technologiquement innovante, créatrice d’emplois durables et non délocalisables.
Au contraire, nous proposons un plan national de développement de l’ESS qui la reconnaisse comme une économie à part entière. Nous élaborerons une loi-cadre qui, en plus du soutien à la création d’activités et d’emplois par les entreprises de l’ESS, s’appuiera sur trois mesures phares :
– la réforme du droit des entreprises pour obliger les actionnaires qui ferment un établissement à en favoriser la reprise prioritaire par les salariés, notamment en Scop ;
– la généralisation de fonds régionaux dédiés à l’ESS, pilotés par les conseils régionaux, couplée à l’étude économique et juridique pour la création de véritables banques régionales éthiques ;
– la labellisation et la reconnaissance de pôles territoriaux de coopération économique, alternatives aux pôles de compétitivité.
Quand la précarité touche sept millions de personnes en France, quand on consomme les ressources naturelles à un rythme tel qu’il faudrait trois planètes pour tenir la distance, il faut remettre en question les fondements mêmes de l’économie et réfléchir enfin aux façons de retrouver certains équilibres fondamentaux. C’est tout l’enjeu de l’économie sociale et solidaire.