Malaise à BNP Paribas
La menace d’une grève de la faim révèle un profond malaise chez les salariés.
dans l’hebdo N° 1199 Acheter ce numéro
La façade est plutôt reluisante : BNP Paribas se classe parmi les cinq plus grandes institutions bancaires mondiales par la taille de son bilan (1 900 milliards d’euros en 2011). Avec ses 6 milliards de bénéfices en 2011, malgré plus de 4 milliards d’euros de pertes en partie liées à la Grèce, BNP Paribas est qualifiée de banque la plus rentable d’Europe.
Pourtant, côté salariés, « le tableau est moins idyllique », note la CGT-BNP Paribas. 373 postes doivent être supprimés cette année dans la banque de financement et d’investissement en France, ce qui équivaut à un total de1 400 suppressions pour l’ensemble du groupe, d’après les chiffres annoncés par la direction.
Le climat social est donc tendu. Au point que, depuis le 10 avril, un collectif « Printemps de la banque » a lancé une « grève de la faim contre la violence chez BNP Paribas ». Trois salariés sont à l’origine de cette initiative, dont Jean Bachèlerie, syndicaliste CGT, cadre mis à la retraite depuis le mois de mars. Ce gréviste de la faim, engagé dans une procédure pour discrimination, explique que le collectif « a décidé de mettre sur la place publique ce qui est depuis trop longtemps inadmissible ».
Le collectif veut « briser le mur du silence imposé par les dirigeants de BNP Paribas », alors que « les plans sociaux se succèdent sans interruption depuis bientôt vingt ans ».
Dans une lettre ouverte adressée aux dirigeants, le collectif dénonce « la montée en puissance des dépressions nerveuses, des invalidités, des maladies graves, les démissions de salariés brisés par le harcèlement systématique et la discrimination, les suicides ».
Selon Michel Jacquemard, de la CGT-BNP Paribas IDF, « le cas de Jean Bachèlerie est symptomatique. » « Il existe un turn-over organisé et une forte demande de productivité qui ne laissent plus d’autonomie aux salariés dans les agences parisiennes. Cela fait les affaires de la direction », ajoute Didier Daems, représentant CGT des agences parisiennes.
« Le déploiement de réorganisations et de restructurations […] a conduit à la généralisation des méthodes de soumission et de contrôle permanent, malgré les mises en garde répétées des représentants du personnel », souligne le collectif, qui exige la démission de Frédéric Lavenir, directeur des ressources humaines, et de Didier Legrand, directeur des relations sociales.
La lettre ouverte cite plusieurs cas de suicides et demande la « mise en place d’une commission d’enquête indépendante chargée d’analyser la violence au travail, les méthodes utilisées et leurs conséquences ».