Parutions
dans l’hebdo N° 1198 Acheter ce numéro
La Tentation du bitume. Où s’arrêtera l’étalement urbain ?
« On pourrait presque dire que la chose se fait “naturellement”. Le processus requiert la participation de multiples acteurs. Le maire définit le plan local d’urbanisme, accorde les permis de construire et, le cas échéant, vend une parcelle au nom de la commune. Le propriétaire des terrains, souvent agriculteur, réclame un bon prix ; le promoteur achète et lotit. […] Les acheteurs se montrent persuadés qu’ils effectuent le meilleur choix […]. Dès lors, qui est responsable ? Tout le monde. » Cet « étalement urbain » serait-il inexorable, résultant de « tendances profondes à l’œuvre dans la société française » ? C’est la question que se sont posée Éric Hamelin, sociologue urbaniste, acteur en tant que responsable d’un bureau d’études et enseignant à l’Institut d’urbanisme de Paris, et le journaliste Olivier Razemon.
Leur remarquable petit ouvrage analyse les mécanismes de ce développement ininterrompu de la plupart des agglomérations de l’Hexagone, dévorant sans cesse un peu plus l’environnement qui les entoure. Nous mettant également en garde contre la « nostalgie insondable » pour les villes denses d’antan, les auteurs se refusent néanmoins au pessimisme, convaincus que cette « tentation du bitume », comme le souligne dans une belle préface l’architecte Roland Castro, « est à surmonter et surmontable ». Et nous invitent à agir, en proposant des pistes concrètes pour « améliorer la ville soi-même ».
À lire d’urgence sur sa terrasse au soleil
ou allongé dans l’herbe !
Éric Hamelin et Olivier Razemon, préface de Roland Castro, éd. Rue de l’échiquier, 224 p., 14,20 euros.
L’État social
pour sortir du chaos néolibéral
Le modèle néolibéral ne pourra perdurer qu’au prix d’un enlisement toujours plus profond dans la crise et d’une violence sociale décuplée.
Mais par quoi le remplacer ? Le livre répond à cette question et soutient qu’une alternative est à portée de main, qui se nomme « l’État social ». Christophe Ramaux en donne une définition large, autour de quatre piliers : la protection sociale, la réglementation des rapports du travail, les services publics et les politiques économiques de soutien à l’activité et à l’emploi. Mais alors que le marché dispose, avec les théories économiques libérales, « de puissantes justifications à son service », l’État social « n’a pas ce support ». Ce livre s’attache à démontrer avec brio que cette révolution, qui a une dimension anticapitaliste, peut être pensée et mise en œuvre.
Christophe Ramaux, Mille et Une Nuits, 472 p., 20 euros