Un tueur à la tribune

Le procès d’Anders Behring Breivik, qui a tué 77 personnes en juillet 2011, s’ouvre alors qu’une mesure sur l’immigration divise le pays.

Christophe Kantcheff  • 19 avril 2012 abonné·es

C’est le paradoxe de la démocratie. Certains, en Norvège, redoutent le procès qui s’est ouvert, le 16 avril, où comparaît Anders Behring Breivik (photo), auteur du double attentat du 22 juillet 2011 (explosion d’une bombe à Oslo, suivie d’une fusillade sur l’île d’Utoya, où étaient rassemblés des jeunes travaillistes), ayant fait 77 morts et 151 blessés.
Avec la surexposition médiatique dont le procès fait l’objet, une tribune inespérée s’offre à ce militant de l’ultradroite, qui avait noté dans son manifeste de 1 500 pages : « Un procès est une occasion en or et une plate-forme parfaite pour un templier afin de rejeter publiquement l’autorité et l’hégémonie d’un régime marxiste culturel. »

Sans doute reviendra-t-il aux magistrats qui dirigent les audiences de contrôler la parole de l’accusé. Déclaré apte à comparaître par les deux équipes de psychiatres qui l’ont examiné, l’enjeu du procès, qui devrait durer dix semaines, tourne cependant autour de la santé mentale de Breivik, lequel pourrait être jugé pénalement irresponsable et, dès lors, interné à vie dans un établissement psychiatrique.

Depuis les massacres du 22 juillet, les membres les plus virulents du « Parti du progrès », situé à l’extrême droite et auquel Breivik a un temps appartenu, ont veillé à atténuer leurs propos sur l’islam et le multiculturalisme.

Mais la Norvège, au moment où s’ouvre ce procès, est divisée par une affaire qui concerne la politique de l’immigration. Le parti social-démocrate au pouvoir a signé, fin janvier, un accord d’extradition avec l’Éthiopie, le premier de ce genre en Europe, qui lui permet de renvoyer des enfants de sans-papiers dans leur pays d’origine. Un accord pour le moins regrettable.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »
Vidéo 17 janvier 2025

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »

Alors que Donald Trump deviendra le 47e président des Etats-Unis le 20 janvier, Bertrand Badie, politiste spécialiste des relations internationales, est l’invité de « La Midinale » pour nous parler des ruptures et des continuités inquiétantes que cela pourrait impliquer pour le monde.
Par Pablo Pillaud-Vivien
Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social
Récit 17 janvier 2025 abonné·es

Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social

Donald Trump a promis de couper dans les dépenses publiques, voire de supprimer certains ministères. Les conséquences se feront surtout ressentir chez les plus précaires.
Par Edward Maille
Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse
Analyse 17 janvier 2025

Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse

Les règles économiques et commerciales de la mondialisation ayant dominé les 50 dernières années ont déjà été fortement mises en cause. Mais l’investiture de Donald Trump va marquer une nouvelle étape. Les échanges économiques s’annoncent chaotiques, agressifs et l’objet ultime de la politique.
Par Louis Mollier-Sabet
À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire
Reportage 15 janvier 2025 abonné·es

À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire

Que reste-t-il quand un missile fauche 59 personnes d’un petit village réunies pour l’enterrement d’un soldat ? À Hroza, dans l’est de l’Ukraine, les survivants et les proches des victimes tentent de gérer le traumatisme du 5 octobre 2023.
Par Pauline Migevant