Cinq ans trop tard
dans l’hebdo N° 1201 Acheter ce numéro
L’autre soir, chez France 2, comme des intervieweurs pointaient qu’il disait tout haut les mêmes infectes vilenies que la Pen, Nicolas Sarkozy, candidat de l’UMP à l’élection présidentielle, a répondu mais m’sieur Puje, attendez, m’sieur Puje, « quand Marine Le Pen dit qu’le soleil est jaune ou qu’la mer est bleue », moi, m’sieur Puje, j’dois dire que l’soleil est bleu et la mer jaune, juste pour pas dire pareil qu’elle ? (Genre, maint’nant qu’il dottore Mussolini a fait l’aveu qu’il aimait son latte convenablement macchiato [et con due cornetti, prego, saloperie de communiste], j’dois forcément boire du thé, sinon ayé, chuis qu’un fasciste ? On en est là, m’sieur Jadasse ?)
Les archives attestent qu’il y a cinq ans, déjà (c’était le 5 février 2007, sur TF1), Nicolas Sarkozy, candidat de l’UMP à l’élection présidentielle, avait déclaré : « Mais si Le Pen dit “le soleil est jaune”, j’vais pas être obligé d’arriver en prétendant qu’il est bleu », hein, m’sieur Perne, rassurâtes-moi ?
Que nous dit cette répétition, à cinq années d’intervalle, par le même abhorrable mec, de la même grotesque assertion ?
Elle nous enseigne par exemple – mais ça, nous le savions – qu’il nous prend véritablement pour des con(ne)s, puisqu’il semble même s’imaginer que nous sommes infoutu(e)s de faire la différence entre les crachats xénophobes de la Pen et d’anodines considérations sur la couleur du ciel.
Mais surtout : elle nous remémore qu’il y a cinq ans, dans la (déjà) dégueulasse campagne qu’il avait ouverte par le répugnant énoncé que la France, tu l’aimes, ou tu la quittes, Nicolas Sarkozy disait, déjà, la même chose, exactement, que le Front national. (Et que, déjà, il justifiait ce copisme par la misérable récitation que c’est-pas-parce-que-monsieur-Franco-dit-que-l’eau-mouille-que-j’peux-pas-l’-dire-mâme-Dupont.)
Après quoi, rappelons-nous : il n’eut, sitôt qu’élu, d’autre hâte que de mettre en œuvre d’entiers pans du programme du parti pénien.
Mais nul(le) ne s’en offusqua vraiment dans l’éditocratie bouffonne où l’on avait poussé en 2002 d’hauts cris d’effroi (jurant que plus-jamais-ça) après que le père Pen s’était qualifié pour le second tour – car en même temps qu’il récitait des psaumes fafs, Sarkozy flattait si fort les envies de moins d’État des journaleux dominants que ces pitoyables clowns turent qu’il puait l’extrême droite, et l’adjurèrent plutôt de « s’arc-bouter sur son programme de réformes », et de continuer d’oser briser des tabous, et s’iiiil vous plaîîît, moooonsieur le Préééésident, puis-je vous lécher le cul derechef ?
Ce sont les mêmes qui ces jours-ci font mine de découvrir, comme si c’était une nouveauté de la semaine dernière (alors que ça dure, insistons-y, depuis cinq années tassées), que le gars tient des propos « droitisés », et qui désormais pincent du nez quand il pérore : leur minable émotion de la vingt-cinquième heure vient confirmer que ces gens-là sont, dans leur catégorie, d’aussi nuisibles tartuffes que l’intéressé dans la sienne.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.