Parution
dans l’hebdo N° 1202 Acheter ce numéro
« Être radical » La Revue des livres
Lointaine héritière – avec un comité de rédaction élargi – de feu la Revue internationale des livres et des idées, lancée il y a quelques années par les Éditions Amsterdam, la Revue des livres est, en à peine un an, parvenue à s’imposer dans le paysage complexe et souvent fragile des revues.
Diffusée à la fois en kiosque et en librairie (avec une extension propre sur Internet), bimestrielle, elle en est aujourd’hui à son cinquième numéro
et s’attache à intervenir dans le débat intellectuel en s’appuyant sur des publications récentes. Revue revendiquée de lecture critique, elle réunit de jeunes intellectuels ou part à la rencontre de plumes prestigieuses, toujours marquées très à gauche, qui livrent leur regard sur des ouvrages publiés – chose assez rare ici – aussi bien en France qu’à l’étranger.
Il faut saluer tout particulièrement cette livraison de fin de printemps, à la fois pour sa cohérence
et sa haute tenue. Articulé autour de la question de la radicalité en politique, il est illustré tout entier par de superbes clichés de Malik Nejmi faisant partie d’un long reportage (exposé en novembre 2011 au Festival de photographie de Phnom Penh) sur les répétitions du spectacle The Youth For A Country, reconstitution théâtrale des massacres de masse perpétrés par les Khmers rouges, commandée par le Premier ministre Hun Sen pour la fête du Parti du peuple cambodgien, pilier de son régime corrompu.
On lira tout particulièrement le long article des deux sociologues belges, Nic Görtz et Daniel Zamora, qui ouvre le numéro. Il traite de la réédition par l’éditeur bruxellois francophone Aden d’Être radical. Manuel pragmatique pour radicaux idéalistes, de Saul Alinsky, grande figure de la gauche critique états-unienne du siècle passé et partisan passionné d’une « politique démocratique radicale et populaire qui viserait l’autonomie et l’auto-organisation des dominés ».
Outre un remarquable entretien avec la géographe Anne Clerval (sur « Gentrification et droit à la ville. La lutte des classes dans l’espace urbain »), figure aussi un ensemble d’articles sur les années 1970 en Italie et la montée de la violence politique, qui se concentrent surtout sur la lecture – à partir de la masse de publications récentes, historiques mais surtout romanesques – de cette période actuelle, controversée et complexe, dans la péninsule.
Sans oublier le brillant article de Nicolas Hatzfeld sur le grand livre d’E. P. Thompson (cf. ci-contre) et un texte très original et émouvant d’Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigènes de la République, intitulé « Mohamed Merah et moi ». Un numéro à lire, donc, in extenso et de toute urgence !