Sang de cordon : sauver plus de vies

La France doit développer les biobanques solidaires de sang ombilical.

Noëlle Guillon  • 3 mai 2012 abonné·es

Le sang de cordon ombilical permet, grâce à la technique de la greffe, de sauver des vies, et son prélèvement est sans danger pour la mère et l’enfant. Le don, anonyme, gratuit et non dirigé, alimente des biobanques dans lesquelles des échantillons sont mis à la disposition de patients atteints de maladies hématologiques ou génétiques. Le procédé, développé depuis une vingtaine d’années, permet d’éviter de douloureuses et coûteuses greffes de moelle.

Dans un avis rendu public le 19 avril, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) précise que le développement des biobanques de sang de cordon est insuffisant en France, et insiste sur l’importance qu’elles soient solidaires et à but non lucratif, qu’il s’agisse d’organismes privés ou publics.
L’Agence de biomédecine entend passer d’un stock de 16 500 échantillons à 50 000. Des objectifs difficiles à atteindre. « Une soixantaine de maternités se sont fait agréer mais toutes ne sont pas encore en état de marche. Car la montée en charge ne peut pas se faire à coûts constants, pointe Patrick Gaudray, rapporteur du CCNE. Il faut revaloriser la rémunération forfaitaire de l’acte pour avoir un personnel dédié. Actuellement, elle est à 90 euros pour un acte qui revient en réalité à 200 euros. »

Le cadre doit rester contrôlé pour protéger la sécurité de l’accouchée. « Pour le moment, le CCNE n’a relevé aucun problème, mais il peut y avoir un danger de sécurité au sein des biobanques à but lucratif », craint le spécialiste. Des banques privées proposent en effet, moyennant parfois plus de 2 500 euros, de prélever le sang de cordon ombilical et de le conserver pendant des années, dans des conditions non contrôlées, pour un éventuel futur usage pour l’enfant lui-même devenu adulte.

« Dans ce cadre, il n’y a aucune indication de traitement avec le sang de cordon. Ces banques, interdites en France, mais qui démarchent quand même dans les maternités, sont à proscrire », prévient Patrick Gaudray. Le CCNE encourage plutôt la recherche sur le placenta et le cordon lui-même pour de futurs traitements en médecine régénérative.

Seule petite entorse à la règle solidaire, le sang de cordon pourra être utilisé en priorité pour les frères et sœurs, pour traiter par exemple drépanocytose et thalassémies. « Mais il n’y aura pas d’ouverture au tout-­familial, dans une démarche de capitalisation égoïste. Ce sera fait dans un cadre précis et pas de manière prolongée. Il s’agit d’un traitement du jeune enfant. Si l’échantillon n’est pas utilisé, il sera mis à disposition d’autrui », précise Patrick Gaudray. Là encore, la non-lucrativité doit être la règle.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles
Étude 21 novembre 2024 abonné·es

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles

Une enquête de l’Inserm montre que de plus en plus de personnes s’éloignent de la norme hétérosexuelle, mais que les personnes LGBT+ sont surexposées aux violences sexuelles et que la transidentité est mal acceptée socialement.
Par Thomas Lefèvre
La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !
Santé 21 novembre 2024 abonné·es

La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !

Les stéréotypes sexistes, encore profondément ancrés dans la recherche et la pratique médicales, entraînent de mauvaises prises en charge et des retards de diagnostic. Les spécificités féminines sont trop souvent ignorées dans les essais cliniques, et les symptômes douloureux banalisés.
Par Thomas Lefèvre
La Confédération paysanne, au four et au moulin
Syndicat 19 novembre 2024 abonné·es

La Confédération paysanne, au four et au moulin

L’appel à la mobilisation nationale du 18 novembre lancé par la FNSEA contre le traité UE/Mercosur laisse l’impression d’une unité syndicale, qui n’est que de façade. La Confédération paysanne tente de tirer son épingle du jeu, par ses positionnements et ses actions.
Par Vanina Delmas
À Toulouse, une véritable « chasse à la pute »
Prostitution 18 novembre 2024 abonné·es

À Toulouse, une véritable « chasse à la pute »

Dans la Ville rose, les arrêtés municipaux anti-prostitution ont renforcé la précarité des travailleuses du sexe, qui subissent déjà la crise économique. Elles racontent leur quotidien, soumis à la traque des policiers et aux amendes à répétition.
Par Pauline Migevant