Annick Coupé : « Marquer une rupture »

Annick Coupé, de Solidaires, présente les dossiers qui devront faire l’objet du dialogue social.

Thierry Brun  • 7 juin 2012 abonné·es

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a reçu l’Union syndicale Solidaires, qui rassemble notamment les syndicats SUD. Une première qui constitue une reconnaissance de la place prise par le syndicat, estime Annick Coupé, sa porte-parole.

Un premier échange a eu lieu le 31 mai entre le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l’Union syndicale Solidaires, est-ce un signe fort pour vous ?

Annick Coupé : C’est la première fois que Solidaires est reçu par un Premier ministre dans le cadre de la concertation qu’il organise. Nous avons salué positivement cette initiative, même si nous n’avons été reçus qu’au lendemain des rencontres avec les confédérations syndicales, et avec moins de ministres concernés par le dialogue social… Cette rencontre constitue néanmoins la reconnaissance de la place prise par Solidaires dans le paysage syndical français. Avant l’élection présidentielle, nous avions rencontré François Hollande, qui s’était engagé à ce qu’il y ait un vrai dialogue social avec l’ensemble des organisations syndicales, au-delà de celles qui sont formellement considérées comme représentatives. À ce stade, l’engagement est respecté. Mais nous en sommes à la mise en place d’une méthode. La conférence sociale prévue avant la mi-juillet sera le dispositif central dans cette méthode.

Comment s’organisera cette conférence sociale ?

Les modalités de cette conférence et le rôle qu’y joueront les organisations syndicales sont encore flous. Le ministre du Travail et du Dialogue social, Michel Sapin, qui est chargé de sa préparation, a reçu les cinq confédérations dites représentatives mardi 5 juin. Nous n’avons pas été associés à cette rencontre. En revanche, ce qui semble se dessiner est que la conférence sociale ne sera pas une simple formalité et pourra durer plusieurs jours. On nous a annoncé des plénières ainsi que des groupes de travail thématiques, mais, pour l’instant, nous ne savons pas comment nous y serons inclus.

Comptez-vous participer à cette conférence ?

Nous avons demandé à y participer à Jean-Marc Ayrault. Il nous semble qu’une conférence sociale prévue après les élections législatives, dont la mission est de tracer une feuille de route sur les grandes orientations gouvernementales dans les mois et les années qui viennent, doit associer tous les acteurs du mouvement syndical, sans exclusive. Nous avons aussi demandé que cette conférence soit élargie, notamment aux associations de chômeurs. Dans une période où la question du chômage est fondamentale dans les discussions sociales, le point de vue de ces associations serait intéressant à entendre. Pour nous, la conférence sociale de juillet doit associer tous les acteurs des mouvements sociaux.

Quels dossiers mettrez-vous en avant pendant cette période de dialogue social ?

Pendant la rencontre avec Jean-Marc Ayrault, nous avons présenté les dossiers qui devraient être abordés lors de la prochaine conférence sociale, et surtout qui devraient figurer sur la feuille de route du gouvernement. Les politiques doivent clairement marquer une rupture avec ce qui s’est fait ces dernières années. La question principale est celle d’une autre répartition des richesses et aussi de l’encadrement de la finance. Il faut sortir de l’emprise des marchés financiers en France et porter cette question au niveau européen. Il y a donc des choix à faire en matière d’augmentation du Smic, de politiques publiques, de services publics, de protection sociale, de santé, de fiscalité… S’il n’y a pas ce fil rouge pour le gouvernement, ce sera très compliqué d’avoir un vrai changement.

Avez-vous abordé la question du Pacte budgétaire européen avec le Premier ministre ?

Nous l’avons abordée d’emblée. Nous avons indiqué que sortir de la logique des marchés financiers, en France comme en Europe, suppose de ne pas ratifier le Pacte budgétaire européen. Nous avons ajouté que nous étions favorables à un référendum sur cette question. Sur ce sujet comme sur le reste, le Premier ministre était à l’écoute des organisations syndicales. Pour l’instant, nous n’avons pas eu de réponse.

Travail
Temps de lecture : 4 minutes

Pour aller plus loin…

« Métiers féminins » : les « essentielles » maltraitées
Travail 15 novembre 2024 abonné·es

« Métiers féminins » : les « essentielles » maltraitées

Les risques professionnels sont généralement associés à des métiers masculins, dans l’industrie ou le bâtiment. Pourtant, la pénibilité des métiers féminins est majeure, et la sinistralité explose. Un véritable angle mort des politiques publiques.
Par Pierre Jequier-Zalc
Jeu vidéo : un tiers des effectifs du studio français Don’t Nod menacé de licenciement
Social 9 novembre 2024

Jeu vidéo : un tiers des effectifs du studio français Don’t Nod menacé de licenciement

Les employés du studio sont en grève. Ils mettent en cause une gestion fautive de la direction et exigent l’abandon du plan, révélateur des tensions grandissantes dans le secteur du jeu vidéo.
Par Maxime Sirvins
Chez ID Logistics, un « plan social déguisé » après le départ d’Amazon
Luttes 29 octobre 2024 abonné·es

Chez ID Logistics, un « plan social déguisé » après le départ d’Amazon

Depuis plus de deux semaines, les salariés d’un entrepôt marseillais d’une filiale d’ID Logistics sont en grève. En cause, la fermeture de leur lieu de travail et l’imposition par l’employeur d’une mobilité à plus de 100 kilomètres, sous peine de licenciement pour faute grave.
Par Pierre Jequier-Zalc
Mort de Moussa Sylla à l’Assemblée nationale : le parquet poursuit Europ Net
Travail 23 octobre 2024 abonné·es

Mort de Moussa Sylla à l’Assemblée nationale : le parquet poursuit Europ Net

Selon nos informations, le parquet de Paris a décidé de poursuivre l’entreprise de nettoyage et ses deux principaux dirigeants pour homicide involontaire dans le cadre du travail, plus de deux ans après la mort de Moussa Sylla au cinquième sous-sol de l’Assemblée nationale.
Par Pierre Jequier-Zalc