Cloîtré à l’ambassade d’Équateur, Julian Assange craint la chaise électrique
Le fondateur du site WikiLeaks, menacé d’extradition vers la Suède, espère des signes d’apaisement des États-Unis. L’Équateur n’a pas encore répondu à sa demande d’asile.
Le sort de Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, est toujours suspendu à la volonté du président équatorien, Rafael Correa. L’Australien s’est réfugié le 19 juin à l’ambassade d’Équateur, à Londres, après avoir épuisé tous les recours devant la justice anglaise. Il a demandé l’asile pour échapper à une demande d’extradition de la Suède pour une affaire de viol présumé dans laquelle il a toujours crié au complot politique. Julien Assange craint surtout que, dans un second temps, la Suède n’accède à une éventuelle demande d’extradition des États-Unis, qui pourraient le poursuivre pour espionnage après la divulgation des télégrammes diplomatiques américains sur le site WikiLeaks.
« Il y a des personnes qui sont restées isolées dans des ambassades un jour, trois semaines ou cinq ans. Tout peut arriver » , a temporisé, lundi, le chef de la diplomatie équatorienne, Ricardo Patino, selon l’AFP. « Aucune date » n’a été fixée pour rendre de décision du côté de Quito, qui préfère étudier « toutes les implications » politiques et juridiques de l’affaire pour l’Équateur. En attendant, Julian Assange bénéficie du « nécessaire pour survivre, c’est-à-dire la nourriture [et] l’accès à certaines personnes qui viennent lui rendre visite » , a expliqué l’ambassadrice d’Équateur au Royaume-Uni, Ana Alban, qui est rentrée le week-end dernier à Quito pour gérer l’épineux dossier. L’Équateur avait proposé d’accueillir le quadragénaire dès novembre 2010.
L’Équateur, la Grande-Bretagne, la Suède, l’Australie et les États-Unis autour du cas Assange
Si l’Équateur accorde l’asile à Julian Assange, la question se posera alors de son départ effectif. Car, en quittant l’ambassade, l’Australien s’exposera à un risque d’arrestation le temps de prendre un avion. Assange cherche donc des garanties diplomatiques lui assurant qu’il ne sera pas poursuivi par les États-Unis et se dit prêt à répondre à la justice suédoise.
Lâché par le gouvernement australien, il craint la peine capitale aux États-Unis, en dépit du silence pour le moment observé par la justice outre-Atlantique, qui n’a pas demandé son extradition à la Grande-Bretagne. C’est ce qu’a d’ailleurs rappelé Bob Carr, ministre australien des Affaires étrangères, estimant dimanche 24 juin qu’il n’y avait « aucune indication de la part des États-Unis laissant croire qu’ils envisageaient de faire extrader » Julian Assange. Des déclarations qui n’ont pas suffi à rassurer l’intéressé. Car, selon lui, une enquête préliminaire est en cours au Grand Jury et sortira au grand jour avec les premières poursuites.
Au même moment que ce joue ce feuilleton diplomatique et judiciaire international, l’informateur présumé de WikiLeaks, Bradley Manning, fait face à la justice américaine. Le juge en charge de l’affaire a ordonné, lundi 25 juin, aux procureurs militaires de partager avec les avocats du jeune homme des documents de la CIA, du FBI et des ministères de la Justice et de la Défense. Ils les réclamaient pour tenter de prouver que les fuites dont Bradley Manning est accusé n’ont eu « aucun impact » pour les États-Unis.
Le soldat de 24 ans encourt la perpétuité, accusé d’avoir transmis à WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires et 260 000 dépêches du département d’État. La plus grande fuite de l’histoire.
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