Éducation : on ne donne qu’aux riches
De grands lycées parisiens reçoivent des financements de mécènes privés. Un processus inéquitable, selon le syndicat des proviseurs.
dans l’hebdo N° 1209 Acheter ce numéro
Le privé pour financer les lycées ? Après les associations caritatives, les institutions culturelles, les grandes écoles et, plus récemment, les universités, c’est l’enseignement secondaire qui fait appel au mécénat d’entreprise.
Le 7 juin, le lycée parisien Louis-le-Grand lançait sa fondation sous l’égide de la Fondation de France. Un lycée si délabré, aux classes si surchargées et aux élèves si nécessiteux, qu’il doive s’assurer un pécule en plus des subsides de l’État ? Pensez-vous ! Situé dans le très chic Ve arrondissement de Paris, rue Saint-Jacques, l’établissement, qui recrute sur dossier, frôle chaque année les 100 % de réussite au bac et près de 40 % de mentions « très bien »… Bref, la crème de l’Éducation nationale française. Toujours en quête de lustrer leur image de marque, les mécènes – et non des moindres : LVMH, L’Oréal, EADS et Canal + ! – ont promis de verser 250 000 euros sur cinq ans au prestigieux établissement. Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, le syndicat – pas réputé pour être particulièrement à gauche – des proviseurs, a dénoncé, dans la Lettre du Monde de l’Éducation du 11 juin, un « processus inéquitable » ouvrant « la porte de la dérégulation dans un système déjà rongé par les inégalités ».
Situé à quelques mètres de Louis-le-Grand, Henri-IV ne s’embarrasse pas de telles considérations, qui projette lui aussi de créer sa fondation. Quant au lycée Robert-Doisneau, situé au pied de la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes, il devra faire un peu d’efforts avant de séduire le gratin du CAC 40…