Parutions de la semaine
dans l’hebdo N° 1209 Acheter ce numéro
Merci aux travailleurs venus de loin
Des visages en noir et blanc qui évoquent une époque révolue. Olivier Pasquiers a posé son appareil photo dans un espace en sursis. Celui du foyer de travailleurs de Clichy (Hauts-de-Seine), inscrit dans le programme de réhabilitation de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). Mais, plutôt que de s’attarder sur les murs voués à la démolition, Merci aux travailleurs venus de loin immortalise les visages fatigués, les regards rieurs et les mines résignées de ceux qui y ont posé leur valise dans l’espoir de trouver un emploi. « J’ai emménagé ici en 1973, et depuis je suis toujours dans la même chambre, la 923 », confie un homme en costume qui pose devant les boîtes aux lettres. Par son format réduit, l’ouvrage d’Olivier Pasquiers se feuillette comme on pourrait parcourir un passeport. Derrière chaque page, un nouveau portrait accompagné d’un témoignage plus ou moins détaillé. Les origines des hommes photographiés retracent l’immigration économique des années 1960. La multitude de métiers exercés, les déplacements à travers la France rappellent l’importance de ces travailleurs contraints de vivre entre eux.Un creuset culturel auquel le livre rend un hommage juste et bienvenu.
Le Triomphe de l’image : Une histoire des pseudo-événements en Amérique
Dans les États-Unis des années 1960, une voix discordante s’est élevée au milieu d’une société de consommation uniformisante pour en pointer les dérives. Cette voix, c’est celle de l’historien américain Daniel Boorstin. Depuis, son analyse sociologique de l’ american way of life fait autorité et son ouvrage le Triomphe de l’image est devenu une référence. Guy Debord a d’ailleurs reconnu l’apport du penseur à son œuvre phare, la Société du spectacle. Enfin traduit, l’ouvrage de Boorstin, initialement paru en 1962, conserve toute sa force et trouve, cinquante ans plus tard, un écho pertinent dans une société toujours plus en proie au culte de l’image. L’auteur développe surtout sa théorie du pseudo-événement – le grand apport de l’analyse de Boorstin –, qui qualifie un événement créé de toutes pièces, véritable « prophétie autoréalisatrice » destinée à alimenter les chaînes dites « d’information ». Car, parmi les responsables de la prolifération des pseudo-événements, les médias sont évidemment les premiers en ligne de mire de cette analyse pionnière, restée trop longtemps méconnue en France.
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