L’écologie hors jeux
Les JO ne respectent pas leurs engagements environnementaux.
dans l’hebdo N° 1212 Acheter ce numéro
Le Comité international olympique se doit officiellement de veiller au respect de l’environnement depuis 1994, année de la signature d’un accord de coopération avec le Programme des Nations unies pour l’environnement. Mais ni les nouvelles résolutions de 1999, ni les colloques et séminaires tenus par les gérontes du CIO, ni le paragraphe ajouté en 1996 à la Charte olympique n’ont évité les dégâts infligés à la nature lors des Jeux d’été et d’hiver. Difficile de bouleverser sans l’abîmer un paysage naturel ou urbain, et de déplacer des centaines de milliers de personnes, sportifs, officiels et spectateurs, sans impact.
Depuis les Jeux d’hiver de Nagano au Japon, les comités olympiques nationaux sont simplement invités à éviter, dans les dossiers de candidature comme lors de la mise en place des installations, les aménagements trop voyants. Comme celui de cette piste de ski à Nagano, au cœur d’un parc naturel protégé ! Sans oublier le record d’utilisation d’eau, lors des JO hivernaux de Turin en 2006, pour fabriquer de la neige artificielle…
Pour les rencontres estivales, sans remonter plus loin qu’Athènes et Pékin, les villes organisatrices se contentent de mesures cosmétiques, destinées à frapper les imaginations et à amuser la presse. Ainsi, Londres se vante sur son site d’avoir « déplacé des tritons, des crapauds et des hirondelles de rivage vers de nouveaux habitats pour qu’ils ne soient pas affectés par les constructions. Ils seront réintroduits dans les zones après achèvement des travaux ». Il n’y a que les journalistes sportifs pour croire à ce genre de fariboles ou s’extasier devant la plantation d’un parc de 2 000 arbres…
Un classique médiatique est en effet la plantation d’arbres ou l’augmentation de la surface des espaces verts. Gadget de communication. Pékin avait ainsi promis 90 450 hectares de verdure supplémentaires autour de la capitale, qui n’ont jamais vu le jour. La diminution relative de la pollution de l’air dans la ville chinoise, pendant trois semaines, ne fut réelle que grâce à l’arrêt d’une cinquantaine d’usines. Les « jeux durables » promis depuis une quinzaine d’années par le CIO ne sont qu’une vue de l’esprit qui s’inscrit parfaitement dans l’idéologie du greenwashing, nouveau credo mondial qui a tenté d’occuper le vide de vraies propositions lors de la récente conférence de Rio.