Les « salles de shoot » bientôt légales ?
Le ministère de la Santé devrait lancer « prochainement » les premières expérimentations de salles de consommations de drogue. Une satisfaction pour les associations et les élus locaux.
Doucement, mais sûrement, le débat sur les « salles de shoot » avance. Mercredi dans un entretien au Parisien , Jean-Marie Le Guen, député PS et adjoint au maire de Paris en charge de la santé, s’est dit « prêts à monter très rapidement une ou plusieurs de ces salles, par exemple dans les 10e, 18e ou 19e arrondissements ». Ces lieux, aussi appelés « salles de consommation à moindre risque » par leurs partisans, doivent permettre de mieux encadrer les usagers de drogues. Elles restent interdites en France, mais de nombreux exemples existent à l’étranger, notamment en Suisse (lire notre article).La ministre de la Santé, Marisol Touraine, interrogée jeudi par LCI s’est dite prête à lancer « assez rapidement (…) des expérimentations » , sans toutefois préciser son calendrier :
« Je travaille sur cette question depuis plusieurs semaines (…). Nous allons voir dans quelles conditions il est envisageable d’expérimenter de telles salles, mais il faut que le travail se poursuive avec des élus, avec des associations concernées en particulier », a-t-elle précisé.
L’annonce devrait satisfaire les nombreuses associations qui militent depuis des années pour la prévention des risques, comme Act Up, Aides, Sidaction ou Médecins du Monde. « Nous sommes dans une situation ubuesque où la ville de Paris et la région Île-de-France ont voté des budgets pour la construction de salles de consommation, sans pouvoir les appliquer faute d’autorisation du ministère » , s’impatiente Jérôme Martin d’Act Up-Paris. D’autant que plusieurs grandes villes ont des projets similaires.
Consensus
« La plupart des élus – même de droite – des grandes villes sont en faveur de ces salles de consommation » , assure Pierre Chappard du Réseau Réduction des Risques. Pourtant, l’UMP et le FN ont immédiatement fait entendre leur opposition arguant d’un « risque de banalisation de la drogue » ou « l’ouverture d’une brèche dans le bannissement de la consommation de drogue » . Ni Roselyne Bachelot, ni Nadine Morano, qui avaient apporté en 2010 leur soutien à ce type de projet, n’ont fait de commentaire. En 2010, Jean-Claude Gaudin, maire UMP de Marseille, avait annoncé vouloir tester une salle à Marseille avant de se rétracter sous la pression de François Fillon. Actuellement ces élus de droite préfèreraient attendre une action du ministère plutôt que de s’opposer à leur parti.
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