Contre la crise, le don ?
Le financement direct d’enquêtes ou de reportages par les lecteurs se développe.
dans l’hebdo N° 1219 Acheter ce numéro
Vous souhaitez entendre un documentaire radio sur les combattants du feu aux États-Unis ou lire un reportage sur les dessous de la guerre en Afghanistan ? Donnez donc directement de l’argent au journaliste qui réalisera ces enquêtes. Inspiré des ONG faisant appel à la générosité du public, le « crowdfunding » (littéralement : « financement par la foule ») se développe comme mode de financement alternatif de la presse et, plus largement, de tous les projets des secteurs en crise (disques, films, etc.). Aux États-Unis, où, en onze ans, les revenus publicitaires de la presse ont été divisés par trois, ces initiatives abondent. Depuis 2008, à Manhattan, l’agence de presse « non for profit » Pro Publica est en majorité financée par le mécénat de particuliers – notamment deux milliardaires qui jurent ne jamais mettre leur nez dans le contenu rédactionnel. L’an dernier, elle a fait travailler une trentaine de journalistes, a publié une centaine d’enquêtes et décroché plusieurs prix Pulitzer.
Dans un autre genre, la plupart des titres alternatifs français ( Politis, le Monde diplomatique, Témoignage chrétien ou l’Huma ) ont, ces dernières années, lancé des campagnes d’appel aux dons, avec plus ou moins de succès. La mise sur pied de la fondation Presse et pluralisme permet désormais aux donateurs de défiscaliser leur don à la presse, cette cause étant reconnue d’intérêt général. Autres initiatives, les sites comme Spot.us, créé en 2008 par un jeune journaliste indépendant américain. En France, la plateforme « J’aime l’info », lancée l’an dernier par Rue89, a permis de rassembler 2500 euros pour envoyer un journaliste de Politis réaliser un reportage sur les gaz de schiste aux États-Unis… Des initiatives intéressantes mais pour le moment anecdotiques, le meilleur soutien à l’indépendance d’un journal demeurant encore… l’abonnement. De fait, on aurait tort de voir dans le don la nouvelle poule aux œufs d’or de la presse. Une étude du Boston Consulting Group révèle que seuls 54 % des Français seraient prêts à ouvrir spontanément leur bourse pour recevoir de l’information aujourd’hui gratuite. Et, en moyenne, ils mettraient au pot 3 euros maximum. Amis donateurs, il va falloir faire un peu plus d’efforts pour prendre le relais des Rothschild et autres Pigasse !