Delphine Batho : « Il faut réenclencher un processus »
Delphine Batho, ministre de l’Écologie, commente les conditions dans lesquelles se présente la conférence environnementale.
dans l’hebdo N° 1217 Acheter ce numéro
Àla veille de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre, alors que les crises économique et sociale assombrissent l’horizon, les objectifs de protection de la biodiversité et de transition énergétique seront-ils tenus ? Et considérés comme prioritaires ?
L’échec du Grenelle de l’environnement tenait surtout au fait que les parlementaires ont ignoré ses conclusions. Le même scénario ne risque-t-il pas de se reproduire ?
Delphine Batho : C’est une possibilité, effectivement. Le Parlement est souverain, et je défends cette souveraineté. Mais je suis persuadée que le détricotage que les associations ont dénoncé lors du Grenelle ne se produira pas, car les parlementaires auront été présents dès le début des discussions en apportant leurs connaissances et leurs compétences. Si l’accord résulte d’un véritable débat, le consensus législatif ira de soi. Mais l’environnement, ce n’est pas seulement une affaire de décrets et de lois, c’est aussi du travail et des convictions.
Quels sont les premiers objectifs de la conférence ?
Un authentique débat démocratique, une loi-cadre sur la biodiversité et une autre sur la transition énergétique. Nous avons la possibilité d’avancer vite et fort sur des politiques qui font consensus. Surtout si les décisions, par exemple pour la sobriété énergétique, débouchent sur des emplois verts. Nous allons travailler sur le long terme.
Quels sont les consensus les plus faciles à atteindre ? La biodiversité ?
Je ne peux ni ne veux en juger à l’avance. Mais la question de la biodiversité, quand on sait que la moitié des espèces risque de disparaître d’ici à la fin du siècle, n’est pas la menace la plus facile à conjurer. Surtout si nous admettons que le premier enjeu est le réchauffement climatique. D’autant que les climato-sceptiques n’ont pas disparu et que persiste, avec la crise économique, la tentation de considérer que les préoccupations écologiques sont un luxe !
Êtes-vous optimiste ?
Oui, plutôt. Je sais qu’il existe une attente très forte de discussions et d’accords. Finalement, le seul acquis du Grenelle, c’est la discussion. Nous la poursuivons, mais il est nécessaire de réenclencher un processus. Pas pour faire un coup de com, mais pour répondre aux inquiétudes et ne surtout pas reporter des décisions à plus tard.
Des tensions sont-elles apparues pendant la préparation de la conférence ?
Dans les processus de cette nature, il y en a toujours, tout comme l’envie d’avancer plus vite de la part des associations. Mais personne n’a souhaité porter la responsabilité d’un échec. Sur les gaz de schiste, par exemple, nous avons précisé que, si la discussion est possible sur ce sujet, elle ne concernera pas la fracturation hydraulique, car la question est réglée.
Le discours du Premier ministre ne risque-t-il pas de provoquer des réactions houleuses à propos de Notre-Dame-des-Landes ?
Le PS a été clair pendant les primaires, et le président de la République aussi pendant sa campagne. Rien n’a changé et, pour l’instant, nous attendons toujours l’épuisement des recours déposés devant la justice.